Lionel Messi au secours des élections tunisiennes

Désabusés, les Tunisiens ne se bousculent pas pour s’inscrire sur les listes électorales. Qui permettra à l’Instance supérieure indépendante des élections de réussir sa « phase finale » ? Peut-être l’actuel Ballon d’or, Lionel Messi…

L’oeil de Glez. © Damien Glez

L’oeil de Glez. © Damien Glez

 © GLEZ

Publié le 17 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

La campagne d’inscription sur les listes électorales tunisiennes avait mal commencé. Pourtant, pour enclencher le processus, le premier des Tunisiens avait entrepris de s’inscrire en personne, dès la fin du mois de juin.

Mais voilà, parvenu au bureau d’enregistrement de la municipalité d’Al Kantaoui, dans le gouvernorat de Sousse, Moncef Marzouki s’est rendu compte qu’il avait oublié… sa carte d’identité. Secoué par un rire légèrement jaune, le président indiqua que son acte manqué avait une valeur pédagogique, en cela qu’il soulignait "la première erreur que les citoyens doivent éviter". "Je l’ai fait exprès pour vous tester", affirment toujours les professeurs qui disent des énormités… À en croire les psychanalystes, les actes manqués trahiraient fréquemment un manque d’entrain à réaliser quelque chose. Marzouki est-il enthousiaste à l’idée de participer aux scrutins législatif du 26 octobre et présidentiel du 23 novembre ?

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Ses compatriotes, en tout cas, ne le semblent guère. Plus de trois ans après la révolution “de jasmin”, le corps électoral paraît désabusé. Alors que la période d’inscription sur les listes s’achève le 22 juillet, la moitié d’un corps électoral, estimé à huit millions d’électeurs potentiels, ne serait pas encore enrôlée. Chafik Sarsar, président de l’Instance supérieure indépendante des Élections (Isie) s’est ému de ce "grand phénomène d’abstention" et tanne les partis politiques pour qu’ils mettent la main à la pâte de la sensibilisation populaire.

Foot et Internet seraient-ils devenus les deux mamelles de la Tunisie ?

Les publicitaires savent que l’effet testimonial – l’appui sur le témoignage, notamment d’une célébrité – permet un effet d’entraînement. Comme un Marzouki sans papier n’a pas su galvaniser les foules, il fallait s’appuyer sur une autre vedette, même étrangère et même à ses dépens.

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Et voilà qu’apparut un visuel mettant en scène le Ballon d’or Lionel Messi. Ses concepteurs, les Tunisiens Moskou Moukso, Ghofrane Chebbi et Helmi Rais y présentent le buteur argentin surplombant le titre ‘Lionel Messi meilleur joueur". Ce message en français évoque le trophée obtenu à l’issue de la finale de la coupe du monde de football, trophée âprement controversé par les aficionados du ballon rond. Sur un fond rouge tout tunisien, c’est en arabe qu’un message complémentaire indique : "Choqué ? Voilà ce qui arrive quand d’autres personnes choisissent à ta place ! Va t’inscrire pour les élections !". La leçon par le contre-exemple incongru a le mérite de l’humour…

Désemparée par le peu d’effet de ses campagnes de mobilisation, l’Isie a décidé de miser sur le buzz en publiant ce montage sur sa page Facebook. Ce n’est pas la première tentative de l’instance d’utiliser l’effet d’entraînement des réseaux interactifs. Il y a quelques semaines, sur le même profile Facebook, elle postait une application "Je vote / je vote pas", sur le modèle de "Je like / Je like pas" (https://apps.facebook.com/isie_elec/). L’internaute y est invité à déposer sa photo et à témoigner de son intention argumentée de mettre ou non un bulletin dans l’urne. Après ce vrai-faux sondage aux faux airs de jeu destiné à susciter le débat, voici donc venu le faux-vrai témoignage du vrai-faux meilleur joueur du Mondial… Foot et Internet seraient-ils devenus les deux mamelles de la Tunisie ?

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Damien Glez

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