Shégués de Kinshasa : « Touche pas à ma rue ! »

Les « shégués » de Kinshasa soutiennent-il le nouveau calendrier électoral congolais ? C’est ce qu’affirme le récent communiqué d’une association énigmatique…

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

 © GLEZ

Publié le 14 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

La guerre des nerfs continue en République démocratique du Congo où l’élection présidentielle, comme l’horizon, s’éloigne à mesure qu’on s’en approche. Si des dates viennent tout de même d’être fixées – 23 décembre 2018 pour le scrutin, 12 janvier 2019 pour l’investiture –, elles ne font pas l’unanimité. La société civile et l’opposition appellent à une journée de mobilisation, ce mercredi, avec pour mot d’ordre le départ du président Joseph Kabila, en « rupture » de mandat depuis 2016.

Comment un régime peut-il contrecarrer la rue ? « Par la rue », semble être la nouvelle réponse de certains aficionados du pouvoir. « Nouvelle », car il n’est plus question, en l’espèce, de lancer une horde de contre-manifestants à la face des grognons opposants. Il s’agit de brandir un soutien de la « vraie » rue, pas celle que des manifestants du dimanche empruntent avant d’aller dormir dans leurs villas. Samedi était diffusée la « déclaration » d’une association prétendant représenter les « shégués » de Kinshasa, les enfants de la rue, et les adultes sans domicile fixe surnommés « faseurs ». Par souci proclamé d’apaisement, cette organisation dénommée « Uchefak » (Union des shégués et faseurs de Kinshasa) se dit représentative de « tous les shégués » et déclare accepter et soutenir « à 100% le calendrier électoral pour le 23 décembre 2018 proposé par la Ceni ».

la suite après cette publicité

Neutralité et prise position

Ce communiqué laisse plus d’un observateur dubitatif. Son auteur, Théodore Talakwa, est-il sincère, lorsqu’il affirme que les shégués ne veulent plus être manipulés comme par le passé ? Il est vrai que les politiciens de tous bords les ont souvent mobilisés pour grossir les rangs de certains cortèges ou en « muscler » les actions. Comme l’indique le communiqué de l’« Uchefak », certains jeunes des rues ont eu à mourir lors de manifestations. Mais pourquoi affirmer aujourd’hui son indépendance du politique en prenant position dans le débat sur le calendrier électoral et en prônant la démobilisation le 15 novembre ?

Accusés parfois de vol ou de sorcellerie, exploités comme « chair à manifester » quand le bras de fer populaire semble encore à portée de poing, les shégués devront-ils maintenant endosser la parure de leaders d’opinion préfabriqués ? Ils seraient temps qu’ils cessent d’être considérés comme des pions sur l’échiquier politique…

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

L’alcool et la drogue aidant, les affrontements entre gangs rivaux sont fréquents. © AFP

RDC : gangs of Kinshasa, la loi des Kuluna

Contenus partenaires