Guinée – Kanny Diallo, ministre du Plan : « Une approche par secteurs favoriserait les projets les plus rentables à court terme »

Alors qu’Alpha Condé et dix de ses ministres sont à Paris afin d’y rencontrer des partenaires financiers et opérationnels, J.A. s’est entretenu avec Kanny Diallo, ministre guinéenne du Plan.

Kanny Diallo, ministre du Plan et de la Coopération internationale © SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

Kanny Diallo, ministre du Plan et de la Coopération internationale © SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 16 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Conakry organise ces 16 et 17 novembre à Paris une conférence en vue de trouver des partenaires financiers et opérationnels pour la mise en place de son Plan national de développement économique et social (PNDES), pour un besoin de financement total estimé à 14,6 milliards de dollars.

Plus de 300 participants sont attendus au Pavillon Chesnaie du Roy, où les discussions se tiennent en présence du chef de l’État Alpha Condé, de dix de ses ministres, du président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, ainsi que du vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, Makhtar Diop. Entretien avec la coordinatrice de cette opération, Kanny Diallo, la ministre du Plan et de la Coopération internationale, à son poste depuis deux ans.

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Jeune Afrique : En quoi consiste le Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020, que vous coordonnez ?

Kanny Diallo : C’est un plan intégré de long terme, préparé depuis deux ans avec la société civile et des interlocuteurs publics et privés de tous horizons, qui vise l’atteinte de quatre objectifs majeurs pour la Guinée : la bonne gouvernance, la croissance économique inclusive, le développement du capital humain, et la protection de l’environnement. Contrairement à ce qui se fait dans beaucoup de pays, nous n’avons pas souhaité un plan divisé par secteurs, mais une approche intégrée multisectorielle.

Le risque aurait été de n’attirer les investisseurs que sur les projets les plus rentables – notamment miniers – et de les favoriser aux dépends des projets vitaux et structurants qui n’ont cependant pas de retour sur investissement à court-terme. Nous n’avons pas non plus opté pour une approche régionale, qui aurait exacerbé les divisions.

Nous avons sélectionné 52 projets, souvent à cheval sur plusieurs secteurs, parmi 600 recensés. Nous avons privilégié les plus structurants pour notre développement économique. Tous répondent à nos quatre grands objectifs ; et nous avons veillé à ce qu’il existe une information détaillée pour chacun d’entre eux, notamment financière et économique, et à ce que l’atteinte de leurs objectifs soit mesurable. Chacun de ces 52 projets sera présenté aux investisseurs, pour un besoin d’investissement total de 14,6 milliards de dollars.

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Parmi eux on trouve notamment des projets d’infrastructures – de production électrique et de construction de routes par exemple -, d’autres sont liés à l’agriculture, en particulier pour la relance des cultures d’exportation telles que celles de la production d’ananas, de café et d’anacarde ; et enfin certains sont destinés à la transformation des minerais guinéens.

Les députés de l’opposition ont été, comme les autres, associés étroitement à l’élaboration du PNDES

Ces 52 projets du PNDES incluent-ils ceux appuyés par la Chine dans le cadre de l’accord-cadre de financement de 20 milliards de dollars de prêts signé à l’issue du voyage du président Alpha Condé à Pékin, le 8 septembre ? Ou ceux appuyés par la Russie, négociés à Moscou en octobre ?

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Les projets appuyés par la Chine, comme le barrage de Souapiti, la route Coyah-Dabola et un projet d’assainissement à Conakry, sont négociés chaque année dans un autre cadre que le PNDES. Quant à nos négociations avec la Russie, elles ont conduit à un effacement de notre dette vis-à-vis de Moscou, ainsi qu’à des accords touchant au secteur minier. Ce qui n’empêche pas les investisseurs et partenaires chinois et russes d’être les bienvenus pour appuyer les projets du PNDES présentés à Paris.

Comment vous-êtes vous assurée que ce plan soit accepté par un maximum de responsables politiques, notamment de l’opposition, pour que le cap ne soit pas changé en cas d’alternance politique en 2020, date de la fin du second et dernier mandat constitutionnel du président Alpha Condé ?

Les députés de l’opposition ont été, comme les autres, associés étroitement à l’élaboration du PNDES. Certains d’entre eux, souvent d’anciens ministres, sont membres de la commission parlementaire « administration et finances », qui a discuté notre première version du PNDES. Je peux vous l’assurer, nous avons largement amendé notre projet suite à ces rencontres, tant avec la commission administration et finances, que par la suite en séance au Parlement. Donc je n’ai pas d’inquiétude sur le cap général. Ce PNDES, qui court jusqu’à 2020, n’est qu’une première étape, d’autres plans suivront.

L’administration guinéenne, souvent critiquée pour sa fragilité, sera-t-elle en mesure de veiller à l’application du plan ?

À côté du PNDES, nous mettons en place un plan de renforcement de capacité de l’administration guinéenne, avec notamment un volet de formation de ses personnels, pour les faire monter en compétence, et de recrutement de jeunes diplômés. C’est effectivement crucial pour assurer un bon suivi sur le territoire national.

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