Migrants en Libye : quand l’UE ferme les yeux…

Alors que des migrants subissent des maltraitances dans des centres libyens, l’Organisation des Nations Unies fait des reproches à l’Union européenne…

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

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Publié le 16 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Ce n’est pas une surprise : la Libye post-Kadhafi, comme lieu de villégiature, on a rêvé mieux. Pourtant, les migrants qui n’y voyaient qu’un lieu de transit n’avaient pas imaginé le calvaire qu’ils devraient y subir, notamment dans les centres du département libyen de la Lutte contre les Migrations illégales. Entassement dans des espaces exigus, sous-alimentation, traitements indignes, corrections à la matraque électrique, viols des femmes par des gardes ou des trafiquants d’êtres humains : ce sont des « horreurs inimaginables » que subiraient au moins 19 900 déplacés et réfugiés, selon le Haut-commissaire aux Droits de l’homme de l’ONU. De retour d’une mission qui s’est déroulée à Tripoli, du 1er au 6 novembre, Zeid Ra’ad Al Hussein évoque même « un outrage à la conscience de l’humanité. »

Pour expliquer la dégradation des conditions de vie des migrants, suffit-il d’invoquer le triplement du nombre de détenus dans les quatre centres visités par les observateurs des Nations unies ? L’ONU ne se contente pas de critiquer les acteurs locaux. Elle dénonce une coopération « inhumaine » de l’Union européenne avec la Libye. Si Bruxelles réclame des centres aux normes internationales, les incantations des autorités européennes n’auraient guère d’effet. Selon les émissaires de l’ONU, l’UE fermerait même largement les yeux sur les horreurs endurées dans les centres de détention.

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« Centres de tris »

Nombre de pays européens promeuvent, depuis quelques semaines, la stratégie de gestion des migrations en amont des traversées méditerranéennes. En attendant l’ouverture, notamment au Niger, de « centres de tris » de demandes d’asile, la pression est sur les épaules d’une Libye qui fait face à un tel écheveau national qu’elle n’a guère de bienveillance à revendre. Au-delà des discours européens plus ou moins légitimes et de financement plus ou moins pertinents, c’est le soutien aux garde-côtes libyens qui est critiqué par le haut-commissaire de l’ONU.

Début novembre, la manœuvre d’une vedette libyenne avait provoqué la mort de cinq migrants, au moment même où une ONG opérait un sauvetage et quand bien même la marine italienne avait dissuadé les représentants de son homologue de Libye.

Suite aux reproches de l’ONU, la commission de l’Union européenne confirme que sa priorité a toujours été « de sauver des vies ». Elle rappelle qu’elle finance des institutions comme l’Office internationale des migrations ou le Haut-commissariat aux réfugiés. Ce mercredi, le représentant de l’UE à Genève rencontrait le cabinet du Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme pour clarifier la position de Bruxelles…

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