La start-up africaine de la semaine : XTech Cloud, passerelle entre les données brutes et les entreprises
L’Ivoirien Alexandre N’Guessan a créé une entreprise d’analyse de données afin de proposer des outils d’aide à la prise de décisions aux dirigeants d’entreprises. Il vient notamment de signer un contrat avec Orange sur la zone Afrique.
À Abidjan, Alexandre N’Guessan attend avec impatience le sommet UE-UA des 29 et 30 novembre prochains. « Il y aura du monde, ce sera le moment de décrocher des contrats », assure le jeune chef d’entreprise qui prépare la première levée de fonds de sa start-up, XTech Cloud, pour laquelle il espère récolter 4 millions d’euros.
Logistique et grande distribution dans le viseur
L’ingénieur ivoirien, né en 1983 à Abidjan, a créé son entreprise en 2012 comme une plateforme chargée d’exploiter les données numériques recueillies par différents objets connectés, « une sorte de passerelle entre les données brutes et les entreprises, afin d’aider les managers à prendre des décisions », explique-t-il.
Son système vise notamment la logistique et la grande distribution. « À travers une seule plateforme, on peut voir tout le processus d’achat, de la commande à la livraison du client. Mais aussi, éventuellement, suivre le véhicule, commander un nouveau pneu immédiatement en cas de crevaison, comprendre les raisons d’un accident… »
En 2010, pendant la crise en Côte d’Ivoire, nos bureaux ont été pillés et nous avons dû tout recommencer à zéro
Pour l’instant, XTech Cloud, qui emploie 10 salariés en Côte d’Ivoire et quatre stagiaires en France, a des activités en Guinée, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Mali. En juillet, il a également signé un contrat avec Orange, pour un montant de 1 million d’euros, qui lui confie les pushs – messages groupés envoyés sur les téléphones selon les critères de ciblage définis par l’entreprise cliente – sur tous les pays africains dans lesquels l’opérateur est présent. TaxiJet, l’entreprise ivoirienne de VTC, est au nombre de ses clients.
L’impact de la crise postélectorale
Alexandre N’Guessan, sorti diplômé de l’institut Polytechnique d’Abidjan en 2005, a d’abord travaillé pour l’entreprise américaine Ditech, pour laquelle il a notamment géré le dossier de la Banque ouest-africaine de développement depuis Lomé, au Togo. En 2009, de retour en Côte d’Ivoire, il crée une première start-up, dédiée au hardware et à la commercialisation de serveurs, qu’il baptise XTech.
« On a notamment développé un système de talkie-walkie satellitaire fonctionnant à partir des téléphones portables, afin d’enregistrer les communications techniques dans les aéroports. Mais en 2010, pendant la crise, nos bureaux ont été pillés et nous avons dû tout recommencer à zéro. On en a profité pour changer l’objet social, dans un objectif de rentabilité. C’est ainsi qu’est née XTech Cloud et que nous nous sommes tournés vers les objets connectés et l’intelligence artificielle.
« C’est incroyable le nombre de dispositifs auxquels on peut postuler en France, il y en a plus de 1 200 ! », confie Alexandre N’Guessan, appuyé par Microsoft, qui lui offre des crédits sur ses Cloud, par Paris Région Entreprises, qui le conseille sur les dispositifs légaux et l’a présenté à l’incubateur Paris&co, qu’il a intégré en 2016. Ce dernier lui assure un accompagnement au quotidien et le fait bénéficier de son réseau.
Et pourquoi pas une cryptomonnaie…
En Côte d’Ivoire, en revanche, « s’il est très facile de créer une entreprise, il est beaucoup plus difficile de se faire accompagner ». Alexandre N’Guessan estime que les avantages fiscaux et les exonérations de cotisations liées à l’innovation et aux créations d’entreprises, « c’est du virtuel ».
« Soit les demandes n’aboutissent pas, soit les appuis débloqués sont très relatifs. Il y aurait bien les zones franches, mais il y a des conditions de loyer et de chiffre d’affaires qui les rendent inaccessibles aux start-ups », regrette-t-il. Quant à la microfinance, « ses taux sont beaucoup trop importants, alors que dans notre secteur, les marges sont très faibles, de l’ordre de 5 % ».
Tous ces obstacles n’empêchent pas le jeune chef d’entreprise de voir loin. « Nos problématiques sont mondiales, donc notre marché peut devenir mondial », assure-t-il, avant d’évoquer des marchés de niche en Amérique du Nord.
« Aujourd’hui, toutes les entreprises cherchent à s’équiper d’outils d’aide à la décision pour leurs managers, alors les entreprises informatiques commencent à s’y intéresser. Nous, c’est ce que nous faisons depuis trois ans », explique Alexandre N’Guessan, sans exclure la possibilité pour XTech Cloud de développer sa propre cryptomonnaie.
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