Esclaves en Libye : d’Alpha Blondy à Mahamadou Issoufou, une vague de réactions choquées
La diffusion d’une vidéo montrant des migrants subsahariens être vendus comme des esclaves en Libye a provoqué une onde de choc sur les réseaux sociaux. Plusieurs personnalités africaines, politiques ou du monde de la culture, ont dit leur dégoût et réclament des actions.
En août 2017, CNN prend connaissance d’une vidéo tournée quelque part en Libye sur laquelle on peut voir des subsahariens être vendus aux enchères comme des esclaves. Un homme peut-être « acheté » pour 1 200 dinars libyens – soit l’équivalent de 800 dollars… Après la diffusion de cette vidéo, les réactions ont été nombreuses. Parmi elles, plusieurs personnalités africaines.
• Paul Pogba, milieu de terrain à Manchester United : « Que cette cruauté cesse »
« Bien que je sois très heureux d’être de retour, mes prières vont à ceux qui souffrent de l’esclavage en Libye, écrit sur le réseau social Twitter le milieu de terrain franco-guinéen, qui évolue à Manchester United, au Royaume-Uni. Qu’Allah soit de votre côté et que cette cruauté cesse ».
D’autres footballeurs ont également pris position ce week-end, à l’instar de Geoffrey Kondogbia, milieu défensif au FC Valence, en Espagne. Lors d’un match contre l’Espanyol de Barcelone, l’international français d’origine centrafricaine arborait sur son torse l’inscription suivante : « Hors football, je ne suis pas à vendre ».
👏👏👏👏 #Lybie pic.twitter.com/umeTxAGWBg
— Calciomio 🏆🇮🇹 (@calciomio) November 19, 2017
While very happy to be back, my prayers go to those suffering slavery in #Libya. May Allah be by your side and may this cruelty come to an end! pic.twitter.com/i4hxfX3CiB
— Paul Pogba (@paulpogba) November 18, 2017
• Salif Traoré, leader du groupe Magic System : « Une humiliation pour l’Afrique.»
« Il est temps que nos gouvernants s’engagent pour améliorer les conditions de vie des jeunes en Afrique en vue de les maintenir sur place, car ces jeunes fuient la misère de leurs différents pays », a-t-il déclaré à l’AFP. « C’est une double indignation, un cri de cœur : je suis indigné de voir les enfants d’Afrique mourir sous les océans en essayant de trouver des lendemains meilleurs », a-t-il ajouté, y voyant « une humiliation pour l’Afrique ».
Le sujet de l’immigration sera au cœur du Festival des musiques urbaines d’Abidjan (Femua) qui se tiendra en avril 2018, a annoncé le leader de Magic System.
• Alpha Blondy : « Messieurs les présidents, nous sommes stupéfaits par votre silence »
Le célèbre chanteur de reggae ivoirien Alpha Blondy a posté une vidéo jeudi soir sur son compte Facebook. « À messieurs les présidents de l’Union Africaine et à messieurs les présidents de la Cedeao. Permettez-moi de vous interpeller pour vous dire que nous, peuples Africains qui comptions sur vous pour nous défendre et pour nous protéger, nous sommes surpris et stupéfaits par votre silence devant la situation révoltante, humiliante et inacceptable que vivent vos ressortissants, nos frères, nos sœurs, nos fils et nos filles vendus comme esclaves en Libye (pays membre de l’union Africaine) », martèle Alpha Blondy.
« Ce cri du cœur n’est pas un appel à la violence», mais il appelle néanmoins a assiéger toutes les ambassades libyennes en Afrique.
• Penda Mbow : « Il faut que chaque État aillent chercher ses ressortissants »
L’historienne et militante sénégalaise Penda Mbow appelle, elle aussi, l’Union africaine et les chefs d’État africains à réagir face à ce qu’elle a qualifié d’inhumain. « Je suis scandalisée, je suis choquée par ces informations qui nous parviennent des grandes chaînes de télévisions internationales. On ne peut pas être en plein 21e siècle et avoir à un trafic aussi intense d’esclaves », s’emporte l’intellectuelle sénégalise.
« Il faut absolument que nos gouvernants, que les autorités africaines réagissent à cette situation. Que chaque État aille chercher ses propres ressortissants pour les tirer des griffes de ces négriers », a-t-elle déclaré sur les ondes de la radio sénégalaise RFM, jeudi 16 novembre. « l’Union Européenne doit débattre de tout cela. Le Sénégal a un leadership reconnu. Le débat sur la race il faut le reprendre, les jeunes ne doivent pas subir ces sévices corporels. »
• Felwine Sarr : « Envoyer le message à ces jeunes que leur humanité et leur dignité est primordiale »
L’écrivain sénégalais Felwine Sarr a également viollement dénéoncé le silence des dirigeants africains, sur son compte Facebook. « Il est absolument inacceptable que des jeunes africains soient vendus en Libye sur des marchés d’esclaves en 2017 et qu’aucune réaction de la part des dirigeants des pays d’où viennent ces jeunes ne soit notée », écrit-il.
« Macky Sall, Ibrahim Boubacar Keita, Issoufou, Kaboré, Condé, Ouattara, etc doivent faire un déclaration commune, s’indigner au plus haut point, envoyer le message à ces jeunes que leur humanité et leur dignité est primordiale, envoyer le message à ces jeunes que leur humanité et leur dignité est primordiale », plaide l’intellectuel, notamment auteur d’Afrotopia.
« Ce n’est pas une question de moyens, mais de priorité. On retiendra que quand une fois de plus, certains on estimé que nos vies ne valaient rien, vous êtes restés cois, inaudibles, inactifs », accuse-t-il encore, dans une tribune écrite visiblement sous le coup de la colère.
• Claudy Siarr : « Moi, le descendant d’esclave, j’ai la haine »
Le producteur et animateur Claudy Siar a, à son tour, enregistré une vidéo où il ne mâche pas ses mots, partagées plusieurs centaines de milliers de fois sur Facebook. « Moi, le descendant d’esclave, j’ai la haine », a-t-il lancé. Il relaie également l’appel à la mobilisation du Collectif contre l’esclavage et les camps de concentration en Libye et Urgences panafricanistes, organisation dirigée par Kemi Seba.
https://www.youtube.com/watch?v=W1sx-Mg_Pv4
• André Silver Konan : « Nos dirigeants ont échoué à faire rêver les Africains».
Le journaliste et écrivain ivoirien André Silver Konan, collaborateur de Jeune Afrique, a également pris la parole sur son blog. Dans un texte intitulé «J’accuse», il remet en cause l’efficacité des dirigeants africains, qui, selon ses termes « ont échoué à faire rêver les Africains ».
Il pointe aussi du doigt les problèmes de liberté d’expression sur le continent : « J’accuse nos dirigeants d’Afrique subsaharienne qui restreignent les libertés individuelles, notamment la liberté d’expression et qui de ce fait, étouffent les jeunes, qui ont besoin d’espaces et de cadres d’expression, sans se voir arrêtés ou menacés. »
Les présidents prennent la parole :
• Issoufou : « J’en appelle aux autorités Libyennes et aux organisations internationales »
Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a été le premier dirigeant africain a réagir. Il l’a fait jeudi soir, sur son compte Twitter.
« La vente aux enchères de migrants comme esclaves en Libye m’indigne profondément. J’en appelle aux autorités libyennes et aux organisations internationales, afin que tout soit mis en œuvre pour que cesse cette pratique d’un autre âge, que nous croyions à jamais révolue», écrit le président du Niger Mahmadou Issoufou. Un message relayé des centaines de fois par les Internautes.
La vente aux enchères de migrants comme esclaves en #Libye, m’indigne profondément. J’en appelle aux autorités Libyennes et aux organisations internationales, afin que tout soit mis en œuvre pour que cesse cette pratique d’un autre âge, que nous croyions à jamais révolue. - IM
— Issoufou Mahamadou (@IssoufouMhm) November 16, 2017
Il a demandé à ce que le sujet soit mis à l’ordre du jour du sommet Union Africaine – Union-Européenne des 29 et 30 novembre à Abidjan. « Fortement choqué, Mahamadou Issoufou a demandé personnellement au président ivoirien Alassane Ouattara que ce sujet soit inscrit à l’ordre du jour du sommet », a affirmé un proche de la présidence nigérienne.
Le ministre nigérien des Affaires étrangères Ibrahim Yacouba a confirmé cette demande sur son compte Twitter: « Le président du Niger (…) a demandé que cette question soit inscrite à la prochaine réunion UE-UA à Abidjan. Il nous a instruit de rester mobilisés, en lien avec tous les pays africains ».
• Sénégal : le gouvernement demande une enquête
Dans un communiqué rendu public ce vendredi en fin de journée, le ministère sénégalais des Affaires étrangères assure que le gouvernement sénégalais a « appris avec une vive indignation la vente sur le territoire libyen de migrants originaires d’Afrique subsaharienne ».
Le gouvernement « dénonce et condamne de la manière la plus ferme ce trafic d’êtres humains ». Le Sénégal « engage les autorités libyennes compétentes, ainsi que l’Union Africaine et l’Organisation des Nations Unies, à diligenter sans délai une enquête sur cette pratique d’un autre âge afin que toutes les dispositions soient prises pour y mettre fin », continue le communiqué.
• Roch Kaboré : « J’appelle les autorités Libyennes à sévir »
Dans un tweet vendredi, le président du Burkina Faso, Roch Kaboré a condamné les « horreurs » subies par les migrants en Libye. Il a aussi appelé les autorités libyennes à « sévir vigoureusement contre le trafic d’êtres humains. »
Je condamne avec la plus grande fermeté les horreurs abominables subies par les migrants en #Libye et appelle les autorités Libyennes à sévir vigoureusement contre le trafic d'êtres humains. RK
— Roch KABORE (@rochkaborepf) November 18, 2017
• Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) : « Une barbarie qui interpelle la conscience de l’humanité »
Via le compte officiel de la présidence, le chef d’État malien s’est dit outré par le trafic d’êtres humains, « cette barbarie qui interpelle la conscience de l’humanité » et a appelé à son tour la Libye à « prendre toutes les dispositions » pour y mettre un terme.
#IBK : « Je condamne fermement le trafic d’êtres humains qui sévit en Libye. Je suis outré par cette barbarie qui interpelle la conscience de l’humanité. Je demande aux autorités libyennes de prendre toutes les dispositions pour faire arrêter cette barbarie »
— Presidence Mali (@PresidenceMali) November 18, 2017
>>> Voir la vidéo diffusée par CNN
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