Sommet UE-UA : locomotives européennes et africaines du commerce

A la veille du sommet Union européenne – Union africaine, qui doit se tenir fin novembre à Abidjan, l’économiste Flé Doumbia insiste sur la nécessité de trouver un nouveau cadre au partenariat nord-sud, notamment au travers des Accords de partenariat économiques (APE).

Les chefs d’État africains lors du sommet de l’UA, à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 30 janvier 2017. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

Les chefs d’État africains lors du sommet de l’UA, à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 30 janvier 2017. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

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  • Flé Doumbia

    Ingénieur et économiste, spécialiste des échanges commerciaux entre l’Europe et l’Afrique. Spécialiste des relations économiques entre l’UE et l’UA.

Publié le 17 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Les 29 et 30 novembre, le 5e Sommet UA-UE marquera les retrouvailles, en terre africaine, des plus hautes autorités des deux continents. Avec en toile de fond les questions migratoires et sécuritaires, les conséquences du Brexit et la réforme de l’Union africaine. Les évolutions à venir de la coopération économique entre les deux continents seront également dans tous les esprits car dix-sept ans après sa signature, l’Accord de Cotonou expire en 2020.

Ce sommet doit donc être l’occasion de définir un nouveau cadre, avec l’objectif de réduire la pauvreté et d’intégrer progressivement l’Afrique dans la globalisation en marche.

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Le rôle primordial des APE

Dans cette redéfinition, les Accords de partenariat économique (APE) tiennent un rôle primordial. Prévues initialement pour être bouclées en 2008, les négociations sont toujours en cours. Douze pays seulement ont aujourd’hui finalisé un accord ou un accord intérimaire avec l’UE : l’Afrique du Sud, le Botswana, le Lesotho, la Namibie, le Swaziland, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Cameroun, Madagascar, Maurice, les Seychelles et le Zimbabwe.

Face à L’UE, l’Afrique reste ce chantier permanent, confronté à de nombreux défis en matière de développement

L’Union européenne est un acteur majeur de l’économie mondiale. Elle représente près de 20%, en volume, du commerce mondial et affiche également une expertise unique en matière d’intégration économique et de compétences industrielles. Son PIB, le premier au monde avec 17 000 milliards de dollars, lui confère un pouvoir d’achat sans équivalent.

Face à elle, l’Afrique reste ce chantier permanent, confronté à de nombreux défis en matière de développement. Le continent peut néanmoins s’appuyer sur ses matières premières, recherchées par le monde entier et qui doivent lui conférer un potentiel économique et une source de croissance irremplaçable pour son avenir.

Commerce, levier de croissance

L’Europe doit accompagner l’Afrique dans sa politique d’industrialisation

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Le commerce est un vecteur de croissance unique, créateur d’emplois pour un développement durable. C’est le levier que doit dorénavant actionner l’Europe pour contribuer efficacement au développement de l’Afrique. Il faut pour cela améliorer la valeur ajoutée des exportations africaines vers l’UE, ne serait-ce que pour augmenter les recettes commerciales du continent. Plus de 60% de ces volumes exportés sont essentiellement constitués d’hydrocarbures, de minerais et autres matières premières brutes.

L’Europe doit donc accompagner l’Afrique dans sa politique d’industrialisation, pour une meilleure valorisation de ses produits. Un tel soutien raffermirait la coopération commerciale entre les deux continents et assurerait de meilleurs résultats en matière de lutte contre la pauvreté, tout en veillant à l’insertion progressive de l’Afrique dans la mondialisation.

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Pour le continent, la réussite d’une véritable coopération commerciale avec l’UE constitue une porte d’entrée royale vers la mondialisation. L’Europe est un partenaire sans équivalent, installé au cœur du commerce mondial, disposant d’accords avec tous les continents. Pour mieux mesurer la contribution du commerce comme outil de développement pour l’Afrique et de croissance pour l’Europe, de nouveaux concepts ont été développés ces dernières années, comme celui de « locomotives européennes et africaines du commerce ».

Locomotives

Sont considérés comme « locomotive » les pays qui échangent chaque année, entre les deux rives de la Méditerranée, pour une valeur minimum d’1 milliard de dollars de marchandises. Deux indicateurs complémentaires permettent aujourd’hui de mesurer la diversité de produits européens importés sur les marchés africains et ceux exportés d’Afrique vers l’Europe.

En identifiant ainsi ces échanges, il devient possible de mesurer la contribution du commerce comme outil de développement et de lutte contre la pauvreté, voire de réduction des flux migratoires. C’est en s’appuyant sur de telles informations, chiffrées et référencées, que pourra être mesurée l’évolution des échanges économiques entre les deux continents. Pour une meilleure évaluation et, au besoin, un renforcement du nécessaire partenariat entre l’Europe et l’Afrique.

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