Présidentielle au Kenya : au moins trois morts lors de manifestations de l’opposition

Après deux semaines d’accalmie, Nairobi a connu des scènes de chaos vendredi. Au moins trois personnes ont été tuées par balle pendant que la police réprimait violemment une manifestation de l’opposition, interdite par les autorités.

Un supporter de la coalation de l’opposition, NASA gisant au sol le 17 novembre 2017. © Brian Iganga/AP/SIPA

Un supporter de la coalation de l’opposition, NASA gisant au sol le 17 novembre 2017. © Brian Iganga/AP/SIPA

Publié le 17 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Un photographe de l’AFP a vu les corps de trois jeunes hommes tués par balles, tous touchés au niveau du torse, qui avaient été dispersés en trois lieux différents dans le quartier de Muthurwa, à proximité immédiate du centre des affaires de Nairobi.

La police kényane a démenti vendredi soir avoir fait usage de balles réelles. Elle a ajouté que cinq individus avaient été tués en marge de la manifestation de l’opposition, lapidés à mort selon elle par des foules en colère qui les avaient surpris en train de piller des magasins ou de détrousser des passants.

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« Malheureusement, ces incidents se sont déroulés avant que la police n’arrive sur les lieux », a poursuivi le porte-parole de la police, George Kinoti, dans un communiqué.

Des milliers de supporteurs de l’opposition sont descendus dans les rues de la capitale pour saluer le retour de leur leader Raila Odinga, qui a passé dix jours aux États-Unis. Il a tenté d’y rallier des soutiens, tout en dénonçant la passivité des Occidentaux à l’égard du processus électoral.

Une foule en majorité composée de jeunes

Défiant les autorités, qui avaient interdit toute manifestation, les partisans de la coalition d’opposition Nasa se sont d’abord rassemblés aux abords de l’aéroport international Jomo Kenyatta pour y fêter le retour de Raila Odinga, aux cris de « Baba, Baba, Baba » (« Papa » en swahili, son surnom). La foule, en majorité composée de jeunes gens, a ensuite commencé à suivre le convoi de voitures du chef de l’opposition, qui entendait tenir un rassemblement dans un parc du centre-ville.

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Mais très vite, la police est intervenue pour les disperser, usant d’abord de gaz lacrymogène et de canons à eau, puis tirant en l’air. Apparemment dépassés par les manifestants, qui leur lançaient des pierres, les policiers ont ensuite commencé à tirer à hauteur d’homme, selon les images des télévisions kényanes. Les mêmes scènes se sont répétées pendant deux à trois heures.

Raila Odinga s’est ensuite brièvement adressé à la foule. « Aujourd’hui est le jour où nous lançons la troisième République au Kenya », a-t-il déclaré, en référence à l’indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne, en 1963, et à la nouvelle Constitution, adoptée en 2010.

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« Ce que vous avez vu est le signal qu’une troisième libération va bientôt survenir », a-t-il ajouté, avant de s’éloigner rapidement en voiture.

Nasa tente de mobiliser la population pour obtenir l’annulation de la présidentielle du 26 octobre, qu’elle avait boycottée et qui a été remportée par le président sortan, Uhuru Kenyatta, avec 98% des voix. Elle exige l’organisation d’une nouvelle élection.

Composer avec l’opposition

L’opposition avait annoncé la formation d’un mouvement « de résistance » après la réélection de Uhuru Kenyatta. La manifestation de vendredi est sa première démonstration de force depuis lors.

Elle est loin d’avoir réuni le million de personnes annoncées. Mais elle a tout de même fait preuve de sa capacité de mobilisation, alors que le pays attend que la Cour suprême rende lundi sa décision sur la validité de l’élection du 26 octobre.

Deux recours déposés par un homme politique et par des membres de la société civile visent à obtenir l’invalidation de cette seconde élection. Si la plus haute juridiction du pays va dans leur sens, une troisième élection devra être organisée dans les 60 jours. Sinon, Uhuru Kenyatta sera investi le 28 novembre.

Pour nombre d’observateurs, sa légitimité sort affaiblie de ce processus électoral et il pourrait avoir à composer avec l’opposition.

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