Validation de la réélection d’Uhuru Kenyatta : violences dans les bastions de l’opposition
Le Cour suprême du Kenya a rejeté les deux recours demandant l’invalidation de l’élection présidentielle du 26 octobre, validant de fait la réélection du président sortant Uhuru Kenyatta. Cette annonce a été suivie de manifestations violentes dans les bastions de l’opposition. Deux personnes ont été tuées à Kibera, bidonville de Nairobi.
« La Cour a décidé à l’unanimité que les recours ne sont pas fondés, a déclaré son président, David Maraga, en rendant la décision ce 20 novembre. En conséquence, l’élection présidentielle du 26 octobre est validée et la réélection d’Uhuru Kenyatta est confirmée ». Cette décision signifie que le président sortant, âgé de 56 ans et au pouvoir depuis 2013, sera investi le 28 novembre pour un nouveau mandat de cinq ans.
Cette annonce a aussitôt été suivie de violences dans les bastions de l’opposition. Un jeune homme a été tué par balles dans le bidonville de Kibera à Nairobi, où la police est intervenue pour disperser des manifestants.
Un autre homme a été tué dans à Migori, dans le sud-ouest du pays, d’après le chef de la police locale. Selon une autre source policière, il s’agit d’un ambulancier qui était intervenu pour prêter assistance à des personnes blessées.
Après l’incident, de nombreux habitants ont commencé à se diriger vers le poste de police local, pour demander des comptes aux policiers. Sitôt l’annonce de la Cour suprême confirmée, des manifestations de faible ampleur ont eu lieu dans ces bastions de l’opposition que sont les bidonvilles de Nairobi et l’ouest du Kenya.
Bataille juridique
Le 1er septembre, la même Cour suprême, plus haute juridiction kényane, avait pris la décision historique sur le continent d’invalider l’élection du 8 août. Uhuru Kenyatta a remporté l’élection d’octobre avec 98% des voix. Mais sa victoire a été ternie par une faible participation (39%), le scrutin ayant été boycotté par l’opposition.
Pendant deux jours, la Cour a examiné en les fusionnant deux recours, déposés par un homme d’affaires et ancien député proche de l’opposition, John Harun Mwau, et par deux responsables d’ONG, Njonjo Mue et Khelef Khalifa.
Elle a écouté leurs avocats arguer que la Commission électorale (IEBC) aurait dû procéder à une nouvelle sélection de candidats après l’annulation de la première élection, et mettre en cause le manque d’indépendance de cet organe, incapable à leurs yeux de garantir un scrutin libre et équitable.
Ils ont en outre rappelé les propos du président de l’IEBC en personne, Wafula Chebukati, qui avait avoué, une semaine avant le scrutin, s’estimer incapable de garantir l’équité de l’élection et avait dénoncé des interférences politiques. Il avait ensuite affirmé que les conditions étaient réunies pour l’organiser.
Regain de tension
La crise politique a été marquée par des violences qui ont fait au moins 52 morts depuis le 8 août, pour la plupart dans la répression brutale des manifestations de l’opposition par la police.
Dans l’attente du jugement de la Cour suprême, la tension est encore montée d’un cran dans le pays. Trois personnes ont été tuées par balle le 17 novembre dans les manifestations de partisans de l’opposition venus accueillir Raila Odinga. Ce dernier était de retour d’une visite de 10 jours aux Etats-Unis.
Par ailleurs, ce 19 novembre, des échauffourées ont éclaté entre police et habitants d’un bidonville de Nairobi, Mathare, après la découverte de quatre cadavres gisant sur la chaussée dans leur sang.
Raila Odinga avait refusé de participer à l’élection d’octobre au motif que les conditions d’un scrutin équitable n’étaient pas réunies selon lui, et ses partisans avaient empêché la tenue du scrutin dans quatre comtés de l’ouest sur les 47 que compte le pays.
Devant la Cour suprême, les avocats d’Uhuru Kenyatta ont dénoncé ces violences orchestrées selon eux par l’opposition pour délégitimer le scrutin.
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