La Tunisie veut doubler sa production d’huile d’olive
L’utilisation d’outils connectés, l’irrigation souterraine en goutte-à-goutte et le renouvellement des plantations d’oliviers pourrait permettre de doubler la production d’huile d’olive tunisienne et d’assurer une meilleure régularité des récoltes, alors que le pays est déjà le deuxième exportateur au niveau mondial, derrière l’Espagne.
Avec 20 % de la superficie mondiale de la culture d’olive mais seulement 6 % de la production mondiale, la Tunisie a les atouts pour devenir le leader incontesté du marché si elle accroît ses rendements. « Nous pouvons multiplier par deux la production sans introduire aucun produit phytosanitaire », a assuré Ajmi Larbi, maître de conférences à l’Institut de l’Olivier de Sfax, lors de la conférence sur le secteur oléicole organisée le 17 novembre à Tunis par la FAO (l’organisation des nations unies pour l’agriculture et l’alimentation) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
L’huile d’olive représente la moitié des exportations agroalimentaires tunisiennes. Avec 200 000 tonnes attendues cette année à l’export, le pays se classe deuxième du secteur derrière l’Espagne.
Développer l’usage des nouvelles technologies
Le premier instrument évoqué pour améliorer la production est celui des nouvelles technologies. « Nous avons créé une plate-forme qui simule en temps réel le besoin d’eau de la culture grâce à des outils connectés. Nous pouvons augmenter la production de 30 % tout en économisant 40 % d’eau », soutient Rebeb Fersi, cofondatrice et PDG de iFarming, une start-up tunisienne qui vient de lancer son système Phyt’Eau, avec le soutien d’IBM.
Cinq producteurs, dont CHO, ont choisi d’installer ce dispositif pilote, qui analyse non seulement l’état hydrique des sols mais aussi le type de climat et de culture.
>>> A LIRE – En Tunisie, le marketing bien huilé de CHO
Le deuxième point d’amélioration est celui du mode d’irrigation. Actuellement, 45 % de la production est faite sur les 90 000 hectares de surface irriguée, ce qui ne représente que 5 % de la surface de production.
Pour Ajmi Larbi, l’amélioration de la production ne passe cependant pas par l’augmentation de la superficie irriguée, car cela nécessiterait encore plus d’eau, une denrée rare en Tunisie.
Le scientifique milite en revanche pour la mise en place, sur ces 90 000 hectares, de l’irrigation souterraine en goutte-à-goutte, c’est-à-dire d’un système d’arrosage enfoui à 25-30 cm dans le sol. Ce dispositif, qui réduirait les pertes dues à l’évaporation et améliorerait la production d’au moins un tiers, est quasiment absent en Tunisie.
Slim Fendri, le gérant du Domaine Fendri, qui teste ce dispositif depuis trois ans sur une parcelle témoin de 80 ha, a expliqué que sa facture d’eau a été divisé par six.
« J’ai aussi gagné en régularité de production. Je produis toujours moins une année sur deux, mais je peux compter sur un minimum de récolte, ce qui me permet de contracter à long terme avec mes clients étrangers. C’est vital dans le secteur car si on ne livre pas à temps, on perd le marché », explique le chef d’entreprise.
Certification bio
Le renouvellement des oliviers, enfin, est la dernière piste avancée. Sans apport d’engrais chimiques – ce qui est le cas dans quasiment toute la Tunisie –, les oliviers ne produisent à plein rendement qu’une année sur deux. Mais dans les régions du sud, au Sahel et aux alentours de Sfax, où les cultures sont les plus importantes, certains arbres ne délivrent des fruits qu’une année sur quatre, voire sur cinq.
Une politique d’arrachage et de replantage est donc à l’étude. Pour Ajmi Larbi, ce renouvellement devrait aussi s’accompagner d’une réintroduction des variétés traditionnelles d’olive. L’huile tunisienne, qui se caractérise par un gout doux et sucré, est extraite à partir de seulement deux variétés : le Chetoui au nord et le Chemlali au centre et au sud du pays.
Toutes ces mesures devraient permettre de doubler la production, estime Ajmi Larbi, mais surtout d’assurer une régularité de la production, aujourd’hui très dépendante du facteur climatique.
Ces apports sont autant d’atouts pour faire certifier l’huile d’olive comme biologique, à plus forte valeur ajoutée. L’Office national de l’huile réfléchit d’ailleurs à la mise en place d’un label tunisien d’huile d’olive biologique pour doper l’exportation d’huile d’olive conditionnée qui ne représente que 12,5 % de l’huile exportée, le reste étant de l’huile d’olive en vrac.
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