Soupçonné de corruption, l’ancien ministre sénégalais Cheikh Tidiane Gadio a été arrêté aux États-Unis

L’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, candidat malheureux à la présidentielle de 2012, a été arrêté à New York vendredi dernier. La justice américaine le soupçonne d’avoir obtenu des concessions pétrolières au profit de l’entreprise dirigée par son co-accusé, un homme d’affaires chinois, en échange de pots-de-vins qui auraient été proposés à de hauts responsables tchadien et ougandais.

Cheikh Tidiane Gadio, alors ministre sénégalais des Affaires étrangères, en compagnie de son homologue chinois de l’époque, Li Zhaoxing, le 12 janvier 2006, à Dakar. © REBECCA BLACKWELL/AP/SIPA

Cheikh Tidiane Gadio, alors ministre sénégalais des Affaires étrangères, en compagnie de son homologue chinois de l’époque, Li Zhaoxing, le 12 janvier 2006, à Dakar. © REBECCA BLACKWELL/AP/SIPA

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Publié le 21 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Les charges sont lourdes, et le scénario inattendu. Vendredi 17 novembre, l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, a été interpellé à New York avant d’être présenté, le lendemain, à un magistrat. Selon un communiqué publié ce lundi par le Département américain de la Justice, cet ancien ministre d’Abdoulaye Wade, qui fut candidat à l’élection présidentielle de 2012, au Sénégal, est soupçonné d’être impliqué dans une affaire de corruption touchant de hauts dirigeants africains.

Au terme de l’enquête préliminaire conduite par plusieurs services fédéraux dont le FBI, la justice américaine a inculpé un homme d’affaire chinois, Chi Ping Patrick Ho, et Cheikh Tidiane Gadio pour corruption. Les deux hommes sont soupçonnés d’avoir proposé des pots de vin afin d’obtenir, au Tchad et en Ouganda, des concessions et marchés au profit du conglomérat chinois CEFC China Energy, une entreprise basée à Shanghai et travaillant dans le domaine de l’énergie et de la finance.

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Ces sommes auraient été versées au plus haut niveau, via une ONG financée par cette firme, le China Energy Fund Committee, basée à Hong Kong, au titre de mécénat pour des causes caritatives. Selon l’acte d’accusation de la justice américaine, qui ne mentionne pas explicitement le nom des deux structures et n’a pas encore donné lieu à un débat contradictoire, le président tchadien Idriss Déby Itno et le ministre ougandais des Affaires étrangères, Sam Kutesa, auraient bénéficié de ces largesses.

Lobbying

L’affaire commence en octobre 2014, à New York. CEFC China Energy, qui convoite l’exploitation des champs pétrolifères tchadiens, souhaite devenir partie prenante d’une joint-venture aux côtés d’une entreprise dépendant du gouvernement chinois, la Chinese State Oil Company, qui opère déjà dans le pays. Celle-ci y a été condamnée à une amende de 1,2 milliard de dollars pour violation des réglementations environnementales.

Selon l’accusation, Chi Ping Patrick Ho se tourne alors vers Cheikh Tidiane Gadio. Ancien ministre des Affaires étrangères d’Abdoulaye Wade de 2000 à 2009, fondateur du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité, l’homme a ses entrées chez le président tchadien Idriss Déby Itno. Ho attend de lui qu’il intercède au sujet de ce litige et qu’il en profite pour négocier des concessions pétrolières au profit de sa société, en évitant tout appel d’offre.

Les enquêteurs américains soupçonnengt Gadio d’avoir joué un rôle de lobbyiste auprès du régime de N’Djaména. « [CEFC China Energy] a promis un pot-de-vin de 2 millions de dollars au président tchadien en échange de sa bienveillance envers les intérêts de l’entreprise », peut-on lire dans le document rendu public par le Département de la justice. Selon l’accusation, l’ancien ministre sénégalais aurait lui-même formulé l’offre. En échange de quoi il aurait perçu 400 000 dollars, via sa société de conseil.

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Complaisance

Un deuxième dossier litigieux intéresse la justice américaine. Cette fois, l’homme d’affaires chinois aurait approché le ministre ougandais des Affaires étrangères, Sam Kutesa, à l’époque où celui-ci venait d’achever son mandat en tant que président de l’Assemblée générale des Nations unies.

Un pot de vin de 500 000 dollars lui aurait alors été proposé afin de faciliter les activités de la firme chinoise. Le président ougandais Yoweri Museveni, lui aussi évoqué dans le document, serait concerné par les retombées promises en échange de sa complaisance.

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Soupçonnés de corruption et d’entente en vue de commettre des actes de blanchiment international, les deux suspects risquent des peines cumulées dont la principale s’élève à 20 ans de prison. Le gouvernement tchadien, tout comme CEFC China Energy, ont aussitôt apporté un démenti aux soupçons de la justice américaine.

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