Burkina : Eren RE « démontre qu’une centrale hybride peut être rentable »

Eren Renewable Energy vient d’annoncer la signature d’un accord de crédit de 16,5 millions de dollars avec la Biciab, filiale de BNP Paribas au Burkina, pour le financement de la centrale solaire d’Essakane. Christophe Fleurence, vice-président d’Eren RE en charge du développement commercial en Afrique, explique à Jeune Afrique pourquoi cet accord constitue une première à bien des égards.

Christophe Fleurence, vice-président d’Eren RE en charge du développement commercial en Afrique. © EREN RE / CFL photo

Christophe Fleurence, vice-président d’Eren RE en charge du développement commercial en Afrique. © EREN RE / CFL photo

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Publié le 21 novembre 2017 Lecture : 4 minutes.

Eren Renewable Energy (Eren RE) vient d’annoncer la signature d’un accord de crédit de 16,5 millions de dollars avec la Banque internationale pour le commerce, l’industrie et l’artisanat du Burkina (Biciab) pour le financement de la centrale solaire d’Essakane, dans le nord-est du Burkina-Faso, qui sera installée sur le site de la mine d’or de la société canadienne IAMGOLD.

La filiale d’Eren groupe n’a beau avoir que cinq ans d’existence, sa progression est spectaculaire. Valorisée à près d’un milliard d’euros lors du rachat de 23 % de ses parts par Total (pour 237,5 millions d’euros) en septembre, le producteur d’électricité à partir d’énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectrique) va fêter en décembre la première année d’exploitation de sa centrale solaire en Ouganda (la plus importante de ce type en Afrique de l’Est) et a annoncé récemment le bouclage financier de deux projets de centrales de 63 MWp chacune à Benban en Égypte (au nord d’Assouan).

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Avec Essakane, l’entreprise fondée par Pâris Mouratoglou et David Corchia, qui dépasse les 650MW d’actifs de production d’énergies renouvelables (en opération ou en construction) montre sa confiance dans l’avenir de ce type d’approvisionnement électrique à destination de l’industrie.

Entretien avec Christophe Fleurence a rejoint dès sa création en 2012 en qualité de vice-président d’Eren RE en charge du développement commercial en Afrique.

>>> A LIRE – Énergie : quand le solaire se lève sur le continent africain

Jeune Afrique : Vous venez d’annoncer le bouclage du financement de la centrale solaire d’Essakane. A-t-il été compliqué à obtenir ?

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Christophe Fleurence : Depuis le départ, rien dans ce projet n’a été facile car il s’agit d’une première à plus d’un titre. Une fois construite, cette centrale solaire constituera, aux côtés de la centrale au fioul déjà existante, la plus grande centrale hybride solaire/diesel au monde. C’est aussi le premier grand projet de ce type monté sans aucune subvention publique.

Pour les banques de développement, ce projet était tout simplement trop innovant.

Il s’est effectué sur des bases purement commerciales entre Eren RE, notre partenaire AEMP (développeur) et notre client [le minier canadien] Iamgold. Le producteur comme le consommateur sont privés et indépendants. Il n’y a pas eu par exemple de garantie apportée par l’État burkinabè. Ce qui explique aussi pourquoi les bailleurs de fonds habituels ne nous ont pas suivis.

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Pour les banques de développement, ce projet était tout simplement trop innovant. Raison de plus pour saluer la grande ouverture et la grande réactivité de la Biciab sur ce financement qui s’est bouclé en quelques mois. Au final, nous avons montré qu’un tel projet est finançable par la filiale locale d’un acteur financier de premier plan (la Biciab est la filiale burkinabè de la BNP, NDLR).

Vous étiez malgré tout confiant, puisque la construction de la centrale avait déjà démarré en mai ?

Dans un projet de ce type, le timing est extrêmement important. L’exploitation de la mine n’est pas éternelle. Notre client a un projet d’exploitation sur quinze ans et nous devions proposer un projet d’énergies renouvelables qui y correspondent.

Si le développement et la construction prennent trop de temps, le projet n’a plus aucune chance d’être rentable. Considérant cette contrainte, nous avons décidé de commencer les travaux avant même de boucler le financement.

L’idée n’est pas de produire plus, mais plus propre et plus économique

Qu’apporte cette solution d’un point de vue environnemental ?

Elle permettra à la mine de diminuer sa consommation de carburant d’environ 6 millions de litres de fioul par an et de réduire ses émissions annuelles de CO2 d’environ 18 500 tonnes. La centrale au fioul a une puissance de 55 MW. La centrale solaire de 15MWp. La mine fonctionne jour et nuit et sa demande s’échelonne selon l’activité entre 5 et 40 MW.

L’idée n’est pas de produire plus, mais plus propre et plus économique en remplaçant la journée de l’énergie thermique par de l’énergie renouvelable. C’est d’ailleurs pourquoi la conception du projet demande une très bonne compréhension des besoins énergétiques et tecnhologiques du client.

C’est donc le premier projet d’une longue série avec le secteur minier ?

On l’espère. Nous avons de grandes ambitions avec ce secteur en général. Par essence, les miniers s’installent souvent dans des régions mal desservies par les réseaux nationaux et ont souvent recours à des centrales thermiques au fioul avec une forte empreinte carbone.

Nous faisons la démonstration avec ce projet qu’une centrale hybride peut être rentable. Avec les innovations en termes de batteries de stockage, ces projets vont devenir de plus en plus compétitifs. Le taux de pénétration du solaire par rapport à l’énergie totale consommée dans l’industrie va continuer d’augmenter. Pour de nombreuses industries très énergivores comme les cimenteries ou le secteur minier, ces centrales hybrides représentent l’avenir.

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