Zimbabwe : la Chine nie avoir été prévenue du coup de force
La visite en Chine quelques jours avant le coup de force de l’armée du meneur de la révolte avait éveillé les soupçons. Une semaine après le début des évènements au Zimbabwe, la diplomatie chinoise accuse les « médias occidentaux » de vouloir discréditer la République populaire en Afrique.
Près d’une semaine après le début de l’imbroglio politique au Zimbabwe, la Chine a nié avoir été prévenu par l’armée zimbabwéenne qu’un coup de force était en préparation contre le président Robert Mugabe, plus vieux chef d’État en exercice du continent.
Ce 20 novembre, les autorités chinoises, par la voix de leur ambassade en Afrique du Sud, ont assuré que cette information était « une pure invention, fausse, sans motifs ». Le communiqué évoque une volonté de « semer la discorde » dans les relations entre la République populaire et l’un de ses partenaires privilégiés sur le continent.
Chinese Embassy in South Africa isn't taking kindly to allegations that China had a hand in #Zimbabwe "coup". "The relevant report is
— carien du plessis (@carienduplessis) November 20, 2017
self-contradictory, full of logical fallacies, and filled with evil
intentions." pic.twitter.com/6cSzjvYTZb
Le récent voyage à Pékin de Constantino Chiwenga, chef d’état-major de l’armée zimbabwéenne et meneur du « coup d’État » avait déclenché nombre de spéculations sur le rôle de la Chine. Le général zimbabwéen y avait rencontré le commandant des forces terrestres de l’Armée terrestre de libération, Li Zuocheng, puis le ministre de la Défense chinois, Geng Shuang.
Or, ces deux rencontres intervenaient trois jours à peine après l’éviction du vice-président Emmerson Mnangagwa, évènement perçu comme l’élément déclencheur de la révolte. De retour au Zimbabwe, le 13 novembre dernier, Constantino Chiwenga avait lancé sa fameuse mise en garde, menaçant d’« intervenir » si la purge se poursuivait.
Mais selon l’ambassade chinoise à Pretoria, la visite du général Chiwenga intervenait dans le cadre d’un « échange militaire tout à fait normal ». En retour, elle a accusé les médias occidentaux coupables d’avoir soulevé la question d’« intentions malhonnêtes ». Le président Robert Mugabe, a-t-elle par ailleurs affirmé, était au courant du voyage du gradé et lui avait donné son aval.
« Il est plus qu’évident que le but de certains éléments qui essayent de faire un lien avec la crise au Zimbabwe est de saper l’image de la Chine et de semer la discorde entre la Chine et l’Afrique », ajoute l’ambassade qui précise que Pékin considère les derniers événements dans le pays comme une « affaire interne ».
Soutien de longue date
La Chine a été un soutien-clé de la Zanu-PF, le parti au pouvoir à Harare, quand celui-ci était en lutte contre le régime raciste de Ian Smith. Emmerson Mnangagwa y a d’ailleurs été formé au marxisme et aux techniques de combat lorsqu’il était en exil dans les années 1960.
Elle est aussi le premier investisseur étranger au Zimbabwe, pays plombé par les pénuries et le manque de liquidités, et où 90% de la population est au chômage. Après le putsch, le porte-parole de Geng Shuang s’était contenté de déclarer que « la paix, la stabilité et le développement du Zimbabwe font partie des intérêts fondamentaux du pays et de la région ».
Cependant, relève le Financial Times, l’évolution des relations entre les deux pays semble montrer que la Chine était en train de reconsidérer son soutien au président Mugabe à mesure que la crise au sein de la Zanu-PF, marquée par la rivalité entre Emmerson Mnangagwa et Grace Mugabe, l’épouse du président, prenait de l’ampleur.
Alors que le pays sombrait dans la crise économique, Pékin avait ainsi refusé d’aider financièrement le pays à moins que le chef d’État âgé de 93 ans ne précise sa succession et n’accepte d’éponger ses dettes avec l’aide du FMI et de la Banque mondiale.
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