Inculpation de Cheikh Tidiane Gadio pour corruption : démenti du Tchad et d’un conglomérat pétrolier chinois
Le Tchad et le groupe pétrolier chinois CEFC China Energy ont fermement démenti être impliqués dans l’affaire qui a valu à l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, d’être arrêté vendredi aux États-Unis. Les enquêteurs américains soupçonnent l’existence d’un système de corruption impliquant de hauts responsables tchadiens et ougandais.
Les soupçons à leur encontre sont lourds. Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, et l’ex-responsable politique hongkongais Chi Ping Patrick Ho ont été inculpés lundi 20 novembre aux États-Unis, a annoncé le ministère américain de la Justice. Les deux hommes sont accusés d’avoir corrompu pendant plusieurs années de hauts responsables au Tchad et en Ouganda à coups de pots-de-vin représentant plusieurs millions de dollars. Objectif supposé : obtenir des avantages pour une entreprise pétrolière chinoise, selon le communiqué du ministère américain.
Chi Ping Patrick Ho et Cheikh Tidiane Gadio sont également soupçonnés d’avoir fait transiter près d’1 million de dollars par l’intermédiaire du système bancaire new-yorkais.
Démenti du conglomérat pétrolier chinois
Dans son communiqué, le ministère américain ne mentionnait pas le nom de l’entreprise chinoise impliquée dans ce dossier. Mais tous les projecteurs se sont aussitôt braqués vers le conglomérat chinois CEFC China Energy, qui finance entièrement l’organisation appelée China Energy Fund Committee, présidée par… Chi Ping Patrick Ho, ex-secrétaire des Affaires intérieures du gouvernement hongkongais entre 2002 et 2007.
Dans un communiqué diffusé dans la nuit de mardi à mercredi, CEFC China Energy a donc réagi, démentant farouchement les accusations américaines. Le China Energy Fund, dont Patrick Ho est le secrétaire général, « est une ONG (…) entièrement financée par CEFC China » mais qui vise « à promouvoir les échanges de coopération énergétique ».
Ce fonds « n’est impliqué dans aucune des opérations commerciales de CEFC Energy China », a insisté le conglomérat chinois, qui ne cache pas ses ambitions internationales. Le mois dernier, cette structure avait réussi un coup d’éclat en concluant un accord pour racheter une participation de 14,2% dans le géant russe du pétrole Rosneft.
Un « acharnement », selon le gouvernement tchadien
Le gouvernement du Tchad tient à apporter un démenti formel à cette honteuse affabulation
Les autorités tchadiennes, elles aussi citées dans le scandale, ont également démenti leur implication, exprimant leur « indignation » et dénonçant un « acharnement » contre le président Idriss Déby Itno de la part du ministère américain de la Justice.
« Ce dernier accuse le chef de l’État tchadien d’avoir trempé dans une affaire de corruption internationale et de blanchiment d’argent en touchant un pot de vin de 2 millions de dollars en échange de sa bienveillance envers les intérêts d’une entreprise chinoise. Face à cette énième allégation mensongère, le gouvernement de la République du Tchad tient à apporter un démenti formel à cette honteuse affabulation », peut-on lire dans le communiqué publié mercredi 22 novembre par la ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Madeleine Alingué.
Fin septembre, les relations entre le Tchad et les États-Unis se sont fortement tendues après la publication du décret migratoire du président Donald Trump interdisant de façon permanente aux ressortissants tchadiens d’entrer aux États-Unis.
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