Zimbabwe : octobre 1980, la première interview de Robert Mugabe à Jeune Afrique

L’ancien président Robert Mugabe est décédé ce vendredi à l’âge de 95 ans. Le 21 novembre 2017, il cédait à la pression de l’armée, de la rue et de son parti et remettait sa démission après 37 ans au pouvoir. En 1980, alors Premier ministre, c’est à Jeune Afrique qu’il accordait sa première interview à un journal francophone.

Robert Mugabe lors d’une conférence de presse à Londres, le 19 Décembre 1979 © AP/SIPA

Robert Mugabe lors d’une conférence de presse à Londres, le 19 Décembre 1979 © AP/SIPA

Publié le 22 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Robert Mugabe, ancien dirigeant du Zimbabwe. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA
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Robert Mugabe, l’ancien guérillero anticolonialiste qui avait fait du Zimbabwe son royaume

Le militant déterminé qui a façonné le Zimbabwe sur les cendres de la Rhodésie du Sud, sœur jumelle du pays de l’apartheid, s’est éteint le 6 septembre à l’âge de 95 ans. Si son règne de presque quatre décennies, interrompu en novembre 2017 par un putsch conduit par ses anciens compagnons d’armes, s’est achevé dans un autocratisme pétrifié, Robert Mugabe fut aussi un héros panafricain, aujourd’hui célébré sur le continent. Jeune Afrique a rouvert ses archives pour éclairer le parcours de « Comrade Bob ».

Sommaire

« Le Zimbabwe ne s’alignera sur aucun des deux blocs et choisira ses amis en fonction de ses propres intérêts et de ses propres besoins, quel que soit le camp auquel ils appartiennent. L’Est ou l’Ouest ». Ces mots, ce sont ceux de Robert Mugabe, alors Premier ministre du Zimbabwe. Nous sommes le 29 octobre 1980, et Jeune Afrique publie la première interview de celui qui deviendra près de quatre décennies plus tard le plus vieux dirigeant au monde. À l’époque, il n’est encore « que » Premier ministre.

La rencontre a lieu à Milton House, la bâtisse de Salisbury qui abritait quelques mois plus tôt Ian Smith… Le 18 avril 1980, la Rhodésie devient indépendante et prend le nom de Zimbabwe, après 90 ans de colonisation britannique. La guerre d’indépendance qui opposait les autorités de Salisbury et les nationalistes noirs, entre 1972 et 1979, a fait 27 000 morts.

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A la suite des accords de Lancaster House, Robert Mugabe, chef de l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU), est nommé Premier ministre du Zimbabwe après la victoire de son parti lors des premières élections multiraciales du pays. En tant que Premier ministre, Robert Mugabe avait pour lourdes responsabilités de réconcilier le peuple du Zimbabwe et de relancer l’économie du pays. C’est  dans ce contexte post-indépendance, porteur d’espoir pour les Zimbabwéens, que Robert Mugabe a accepté de se confier à François Soudan.

La couverture de JA du 29 octobre 1980 © Archives JA

La couverture de JA du 29 octobre 1980 © Archives JA

Le Zimbabwe ne s’alignera sur aucun des deux blocs

L’armée, la lutte des classes et la France

Robert Mugabe explique alors qu’après la guerre de 1972-1979 « seuls 7 000 combattants ont demandé à être démobilisés et cela a été fait sans heurts » et que les autres veulent « être intégrés au sein de la nouvelle armée nationale ». 37 ans plus tard, les vétérans défileront dans les rues d’Harare pour réclamer son départ.

Il évoque également les aspects idéologiques du régime qui se met en place. « La classe ouvrière est très minoritaire ; ce n’est pas à elle qui a lutté et souffert le plus pendant la lutte armée : c’est donc à la paysannerie que doit revenir le rôle de groupe social moteur, d’avant-garde dans notre société », explique-t-il. Et dans le contexte de guerre froide, il affirme que « le Zimbabwe ne s’alignera sur aucun des deux blocs et choisira ses amis en fonction de ses propres intérêts et de ses propres besoins, quel que soit le camp auquel ils appartiennent. L’Est ou l’Ouest ».

 L’Afrique francophone s’est peu souciée de nous. Peut-être faut-il y voir l’influence de la France

Déjà, il se fait le héraut de la lutte contre le néocolonialisme, et attaque la France de front. Le pays a certes « accordé quelques bourses universitaires » à plusieurs étudiants du pays, mais il a surtout  « mis le plus d’obstacles » à l’adhésion du Zimbabwe à la Convention de Lomé, accuse le Premier ministre.

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Surtout, il note que « peu de pays » ont soutenu le Zimbabwe dans sa lutte pour l’indépendance. « Mais l’Afrique francophone, tout particulièrement, s’est peu souciée de nous. Pourquoi ? Peut-être faut-il y voir l’influence de la France et le fait que ces pays tiennent compte, dans leur analyse, des orientations de la politique étrangère française. »

Relisez l’intégralité de l’entretien ci-dessous :

Interview de Robert Mugabe dans Jeune Afrique du 29 octobre 1980 by jeuneafrique on Scribd

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