Centrafrique : Médecins sans frontières se retire de Bangassou après un braquage à main armée
Victime d’un braquage à main armée dans ses locaux de Bangassou dans la nuit de lundi à mardi, Médecins sans frontières a annoncé mercredi dans un communiqué son retrait de la ville, dans le sud-est de la Centrafrique. Une décision « difficile et frustrante » pour le chef de mission de l’ONG sur place, alors que la région est en proie à de violents affrontements.
Médecins sans frontières a décidé, jusqu’à nouvel ordre, d’évacuer son personnel et de suspendre ses activités dans la ville de Bangassou, dans le sud-est de la Centrafrique, où l’ONG opérait depuis quatre ans.
L’organisation humanitaire a expliqué, dans un communiqué publié mercredi, que cette décision faisait suite au braquage à main armée de ses locaux de Bangassou dans la nuit de lundi à mardi. « Vers minuit, dix hommes ont fait irruption dans nos locaux à Bangassou, armés notamment de machettes, raconte à Jeune Afrique Frédéric Lai Manantsoa, chef de mission de MSF sur place. « Nous avons subi plusieurs incidents et tentatives d’intimidation, cela fait six mois que nous sommes en permanence sur le fil du rasoir en termes de sécurité, mais cette agression a été l’événement de trop. Nous ne pouvons pas exposer la vie de notre personnel », a-t-il ajouté. Les tensions entre communautés chrétiennes et musulmanes sont toujours très fortes, et les affrontements entre groupuscules armés fréquents dans cette ville de 25 000 habitants.
Le personnel de 58 personnes, composé de Centrafricains et d’internationaux, opérait principalement dans l’hôpital régional de Bangassou ainsi que dans trois centres de santé autour de la ville. Il assistait également les réfugiés centrafricains en RDC. Ils seraient près de 8 000 selon MSF.
« Deux médecins, trois internes et quelques infirmiers sur place »
L’ONG laisse derrière elle des structures en cruel manque de moyens. « Nous avons cédé nos stocks de médicaments, assez pour tenir quelques mois, et notre matériel sur place pour le reste du personnel de l’hôpital et le ministère de la Santé qui va prendre le relais et avec qui nous essayons de rester en collaboration. Mais c’est un hôpital de 118 lits avec en moyenne 80 à 100 patients et il ne reste plus que deux médecins, trois internes et quelques infirmiers désormais sur place », déplore Frédéric Lai Manantsoa. « C’était une décision difficile à prendre, c’est très frustrant, nous laissons derrière nous 30 enfants de moins de cinq ans hospitalisés, 26 patients du service chirurgie sans soins, des gens qui vont avoir besoin d’un suivi médical que le personnel sur place aura du mal à fournir », a-t-il regretté.
.@MSF has tried to remain in #Bangassou as long as possible, but had to suspend activities yesterday following an attack. "Leaving the population utterly abandoned is a painful admission that we are unable to bring humanitarian relief to #CARcrisis" https://t.co/0yiBUT9gje
— MSF Western & Central Africa (@MSF_WestAfrica) November 22, 2017
Depuis le début de l’année, MSF a recensé 32 incidents, menaces, vols, braquages et attaques contre son personnel en Centrafrique. L’ONG reste néanmoins présente dans dix autres villes du pays. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s‘était rendu fin octobre à Bangassou, où neuf Casques bleus avaient été tués entre mai et juillet. Mercredi 15 novembre, le Conseil de sécurité a voté à l’unanimité le prolongement d’un an de la mission de paix de l’ONU en Centrafrique, la Minusca, qui sera également renforcée de 900 soldats supplémentaires.
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