Vers un retour des crises de la dette en Afrique subsaharienne ?

Les États africains vont devoir rembourser les emprunts internationaux contractés lors de la phase de forte croissance économique au début de la décennie. Les économies les plus exposées pourraient connaitre des crises de la dette au cours des prochaines années, comparables à celles qui ont frappé le continent à la fin des années 1990, prévient Moody’s.

32 pays (sur 51) disposent d’un taux de couverture moins important en 2017 qu’en 2014 © J. Scott Applewhite/AP/SIPA

32 pays (sur 51) disposent d’un taux de couverture moins important en 2017 qu’en 2014 © J. Scott Applewhite/AP/SIPA

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Publié le 23 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Dans un rapport publié le 21 novembre, l’agence de notation Moody’s alerte sur le risque de défaut des économies les plus endettées en devise, notamment le Gabon, le Ghana et la Zambie et dans une moindre mesure le Kenya et l’Angola. Ces pays pourraient avoir des difficultés à rembourser leurs dettes externes contractées auprès des marchés financiers et connaitre des crises économiques au cours des prochaines années, comparables à celles qui ont frappé le continent à la fin des années 1990.

Hausse de la dette publique au début de la décennie 2010

Comme le rappelle Moody’s, « le début de la décennie 2010 a vu un certain nombre de gouvernements d’Afrique subsaharienne émettre des obligations souveraines sur les marchés internationaux de capitaux ». Le pic d’émission de dette en 2014 a coïncidé avec les premières difficultés des émetteurs souverains, la dynamique économique en Afrique subsaharienne s’étant essoufflée en raison du ralentissement de l’économie chinoise et de la baisse du prix des matières premières.

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Hausse de la dette publique (en gris, échelle de droite en % du PIB) des économies d’Afrique subsaharienne et ralentissement de la croissance économique (en vert, échelle de gauche en % du PIB) : un cocktail dangereux

Hausse de la dette publique et ralentissement économique en Afrique subsaharienne : un cocktail dangereux

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Un « pic de maturité » à prévoir dans les prochaines années

Selon l’agence de notation, le risque de « stress financier » va s’accroître avec le « pic de maturité » de la dette internationale au début de la prochaine décennie, les emprunts extérieurs devant être remboursés. Le Ghana va ainsi devoir verser 1,75 milliard de dollars entre 2020 et 2023 à ses créanciers internationaux, puis 2,75 milliards d’ici à 2026, le Gabon 2 milliards entre 2022 et 2025 et la Zambie 3 milliards entre 2022 et 2027.

« La détérioration du crédit va tester la capacité des émetteurs souverains d’Afrique subsaharienne à gérer ces flux financiers face à un durcissement des conditions financières, particulièrement dans un environnement de taux d’intérêts globaux plus élevés. »

Moody’s s’inquiète pour le Gabon, le Ghana et la Zambie

Outre les États récemment en défaut tels que le Mozambique et le Congo, l’agence Moody’s se montre particulièrement inquiète pour le Gabon, le Ghana et la Zambie, en raison des importantes maturités d’eurobonds à venir dans les dix prochaines années.

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Ces économies sont marquées par des niveaux élevés d’endettement public, qui dépassent 55 % du PIB et trois fois les revenus gouvernementaux, combinés à des charges d’intérêt élevées et des besoins de financements importants. Cette situation les rends vulnérables à un changement brusque des conditions de marché, d’autant que l’agence de notation considère que leur capacité à « réformer » est limitée.

Le Kenya et l’Angola également menacés

Pour Moody’s, au Kenya, un déficit public important et un endettement en hausse, associé à de faibles capacités institutionnelles et des antécédents limités de réformes macroéconomiques rendent le pays vulnérable au durcissement des conditions financières internationales, malgré un niveau de dette extérieure limité.

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L’Angola est également fragile, avec une dette publique élevée, dont une part importante libellée en devise, de forts besoins de financement et des recettes d’exportations provenant quasi-exclusivement du pétrole.

Ces différents facteurs sont cependant atténués par « la faible part de dette commerciale pour la plupart des émetteurs souverains d’Afrique subsaharienne, la faible part de dette à court terme, et des taux d’intérêts fixes sur la dette, qui contrent les risques associés à une hausse brutale des taux d’intérêts du marché ».

Recourir au FMI plutôt que faire défaut

L’agence de notation conclut sur une note optimiste en indiquant les émetteurs souverains d’Afrique subsaharienne n’ont pas intérêt à faire défaut, étant donné son coût en terme de réputation auprès des marchés financiers. Plusieurs États, tels que le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Ghana, le Rwanda, et le Kenya, ont d’ores et déjà fait le choix d’entrer dans des programmes FMI pour se préserver ainsi un accès à la finance internationale.

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