A Noisy-le-Sec, un festival du film franco-arabe pour « réapprendre à se parler »
Depuis six ans, l’événement créé en collaboration avec l’Institut français de Jordanie délie les langues et relie les communautés.
L’idée est née à Amman, à l’Institut Français il y a 23 ans : proposer une déambulation cinématographique partant du Maroc, abordant un virage par la France et passant par la péninsule arabique. En 2011, la ville de Noisy-le-Sec, située en banlieue parisienne dans le département de Seine-Saint-Denis, s’associe à l’événement.
Pour cette sixième édition du festival du film franco-arabe, pendant deux semaines jusqu’au 5 décembre, elle propose la projection de 24 films, de Razzia réalisé par l’enfant terrible du cinéma marocain Nabil Ayouch jusqu’à Solitaire, de la jeune et brillante Libanaise Sophie Boutros sur les relations tendues de son pays avec la Syrie.
Spectateurs VIP
Durant le festival, les spectateurs, souvent issus des milieux populaires, deviennent de véritables VIP. Avec Costa-Gavras pour parrain d’honneur et Oulaya Amamra (César du meilleur espoir féminin en 2017 pour son rôle dans Divines) pour marraine, ce rendez-vous cinématographique propose au public de nombreuses rencontres avec les cinéastes. Cette année, des jeunes de maisons de quartier ont pu, par exemple, interviewer Rachid Hami, le réalisateur de La mélodie. L’entretien filmé est diffusé avant le film lors de sa projection, de quoi valoriser les journalistes en herbe !
L’occasion d’unir les cultures, de découvrir l’autre, et de réapprendre à se parler
« Dans notre commune vit une importante population d’origine maghrébine qui peut se retrouver dans les films que nous diffusons, souligne Annie Thomas, programmatrice du festival et directrice du cinéma le Trianon, qui projette la plupart des longs métrages. C’est aussi l’occasion d’unir les cultures, de découvrir l’autre, et de réapprendre à se parler. »
Un impératif à un moment où la communauté arabe est régulièrement pointée du doigt dans la presse et les médias français. La culture, la fête partagée, visent à briser barrières et préjugés : avant C’est toi mon amour, fiction de Youssef Chahine datant de 1957, le groupe Saad el sund est venu revisiter les standards orientaux en convoquant violon, derbouka, oud… et danse orientale.
Autre objectif du festival, donner à nouveau de la visibilité à des productions qui se font discrètes en salles. « Il y a encore vingt ans, on pouvait voir partout en France des comédies égyptiennes, des films arabes… aujourd’hui cette dynamique n’existe plus, note Annie Thomas. C’est regrettable, car nous passons à côté de nombreux sujets. »
Le documentaire du Français Eric Caravaca, Carré 35, qui évoque les violences du colonisateur au Maghreb, a d’ores et déjà pu être l’occasion d’un échange rare et précieux sur la colonisation.
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