Accueil des réfugiés libyens en Tunisie : être ou ne pas être une terre d’accueil ?
Le pays a vu affluer sur son territoire près de 1 million de personnes fuyant la Libye au cours de la seule année 2011. Pourtant, depuis, il n’a pas jugé nécessaire de prévoir un statut pour les réfugiés et demandeurs d’asile.
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Frida Dahmani
Frida Dahmani est correspondante en Tunisie de Jeune Afrique.
Publié le 6 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.
Tunisie : le prix de la liberté
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Prise en tenaille entre, d’un côté, l’Europe, qui la somme de faire le gendarme et de contenir le passage des clandestins vers l’Italie, et, de l’autre, les migrants subsahariens ou syriens qui s’installent de manière irrégulière sur son territoire, la Tunisie est confrontée à un véritable casse-tête. Faute de révision des textes codifiant les conditions de séjour – devenus pour la plupart anachroniques –, l’État expulse certains clandestins et en place d’autres en rétention en banlieue de Tunis, dans un centre situé à El Ouardia (qui, officiellement, n’existe pas). S’il n’est pas question d’ouvrir les frontières à tous les candidats à l’immigration en Europe, il n’est en revanche plus tenable que le gouvernement, les partis politiques et le législateur continuent d’occulter le problème.
Pas plus tenable, d’ailleurs, que le problème des conditions de séjour des étrangers arrivés de manière régulière sur le sol tunisien, en particulier celles des étudiants d’origine subsaharienne. Débarquée à Sfax en 2014 pour ses études, Edna n’a plus les moyens d’en repartir et y vivote de petits jobs au noir. Désormais en situation irrégulière faute d’avoir pu renouveler sa carte de séjour dans les temps, elle doit s’acquitter d’une amende de 20 dinars (6,83 euros) par semaine de séjour illégal avant de pouvoir quitter le pays.
Comme elle, de nombreux étudiants étrangers tombent dans la précarité. La lenteur des services administratifs du ministère de l’Intérieur est telle que, pour beaucoup, l’année académique s’achève sans que le précieux récépissé qui doit leur permettre de poursuivre leur cursus leur ait été délivré. « Pour l’obtenir, il faut prouver notre assiduité en cours au moment où l’année universitaire débute à peine, explique un étudiant camerounais.
Et produire un bail que les propriétaires refusent d’établir pour éviter les impôts… » Une situation que dénonce l’Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (Aesat), qui a interpellé Mehdi Ben Gharbia, ministre chargé des Relations avec les instances constitutionnelles et la société civile. En vain. Pour le gouvernement, la question n’est pas prioritaire.
Pour les parlementaires, elle n’est pas à l’ordre du jour. Pourtant, si la Tunisie veut être un hub vers et pour l’Afrique, elle a tout intérêt à revoir et à adapter sa politique migratoire. Depuis sa nomination, en juillet, Mansur Zhakupov, le nouveau directeur général de Total Tunisie, attend toujours, lui aussi, sa carte de séjour.
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