Sénégal : Khalifa Sall, un destin présidentiel ?

Avec une victoire écrasante à Dakar, le destin présidentiel du socialiste Khalifa Sall se précise…

Khalifa Sall est présidentiable pour 2017. © AFP

Khalifa Sall est présidentiable pour 2017. © AFP

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Publié le 15 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

Le grand vainqueur de l’élection, c’est lui. En raflant quinze des dix-neuf communes d’arrondissement de la ville de Dakar, Khalifa Sall a assommé la quasi-totalité des candidats de la coalition gouvernementale Benno Bokk Yakaar (BBY) qui s’étaient aventurés à le défier sur son fief, à commencer par la Première ministre Aminata ("Mimi") Touré.

Le Parti socialiste (PS), au sein duquel ce quasi-sexagénaire fringant milite depuis l’adolescence, est pourtant partie prenante de BBY. "Quand nous avons constaté que l’APR [Alliance pour la République, parti présidentiel] ne voulait pas travailler avec nous dans le cadre de la coalition, nous avons pris nos responsabilités", indique Moussa Taye, directeur de campagne du maire sortant.

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Khalifa Sall a donc bâti sa propre alliance (Taxawu Dakar) en s’appuyant sur la galaxie de formations avec lesquelles il collabore depuis 2009 au conseil municipal – dont Rewmi, le parti d’Idrissa Seck, passé dans l’opposition. "Deux déclics sont à l’origine de cette décision, analyse Moussa Taye. L’adoption, sans concertation aucune, de l’acte III de la décentralisation, qui bouleverse les fondements de la gestion de la capitale, et les prises de position des responsables de l’APR, qui voulaient s’accaparer de grandes collectivités locales à notre détriment."

Pendant la campagne, le maire sortant n’a pas été ménagé par ses challengers.

Pendant la campagne, le maire sortant n’a pas été ménagé par ses challengers. "Il a fait l’objet d’attaques virulentes", remarque l’un de ses proches. À Grand-Yoff, l’équipe de Mimi Touré a multiplié les déclarations incendiaires sur sa gestion passée. Fidèle à son habitude, Khalifa Sall a esquivé l’affrontement et pris de la hauteur : "Si elle veut un débat, qu’elle s’adresse au maire sortant de Grand-Yoff." Son adversaire prétendait en effet limiter ses ambitions à cette commune d’arrondissement, tandis que lui-même briguait un nouveau mandat de maire pour la capitale entière.

Ousmane Tanor Dieng tient le PS d’une main de fer

Au lendemain de son jackpot électoral, Khalifa Sall renforce sa stature – déjà ancienne – de présidentiable socialiste. Reste à savoir s’il se décidera à l’assumer. Pour l’heure, il n’affiche d’autre ambition que de "servir les Dakarois". "Il y a longtemps que je lui dis de prendre le contrôle du Parti socialiste, affirme un proche du chef de l’État qui connaît bien le maire sortant. Mais il manque de courage politique, il n’attaque jamais de face." Dans son propre camp comme au-delà, une critique revient en effet avec insistance : jamais Khalifa Sall n’a défié Ousmane Tanor Dieng, qui tient le PS d’une main de fer depuis près de vingt ans mais a laissé passer sa chance d’être un jour président.

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Pour Malick-Noël Seck, un jeune leader socialiste exclu du parti, Khalifa Sall serait "un homme d’appareil qui exécute les décisions, qu’elles soient justes ou non". "Khalifa est connu à Dakar mais sa popularité s’arrête à Rufisque, met en garde le proche de Macky Sall. À trente mois de la prochaine présidentielle, il serait temps qu’il se déclare – s’il a des ambitions." Et en 2022, il pourrait bien être trop tard.

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