Le Niger adopte un budget controversé dans un contexte économique difficile
Le projet de loi de finance 2018, qui a été adopté par l’Assemblée nationale du Niger le 26 novembre, prévoit une hausse de la fiscalité et une baisse de certaines dépenses. Une politique saluée par le FMI, avec pour objectif affiché de dégager des marges de manœuvre pour l’éducation et la santé, mais qui est considérée comme « antisociale » par une frange de la société civile.
Le projet de loi de finance 2018 a été adopté à une très large majorité de 133 voix contre 29 (1 abstention) par l’Assemblée nationale le 26 novembre 2017. En augmentation de 2,5 % par rapport à 2017, le budget 2018 atteint 1 900,86 milliards de Francs CFA (environ 2,9 milliards d’euros).
Hausse de la fiscalité et du prix de l’électricité
Ce budget inclut plusieurs mesures controversées, avec une hausse de la fiscalité qui passe par la création de plusieurs nouvelles taxes et impôts. Une réforme de l’administration fiscale est également prévue, ainsi qu’une intensification des contrôles. Le gouvernement est également revenu récemment sur certaines exonérations fiscales présente dans le Code d’investissement. Enfin, le prix de l’électricité doit être relevé.
Les parlementaires nigériens ont en revanche supprimé la taxe sur les appels internationaux entrants, qui a rapporté à l’État une vingtaine de milliards de FCFA en 2017.
Au total, les recettes internes s’établissent à 1 031,6 milliards de FCFA (soit 51,2 % du budget), dont 982,69 milliards de revenus fiscaux (+4,2 % par rapport à 2017). Du coté des dépenses, le gouvernement prévoit de limiter les salaires versés au secteur public à 33,2 % du budget.
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Pour l’assainissement des finances publiques, pour la stabilisation du cadre macroéconomique
Le ministre des Finances Massoudou Hassoumi s’est félicité du soutien des parlementaires au budget 2018 : « En faisant ce choix, [les députés] savent qu’ils ont fait le choix de la responsabilité, de l’engagement pour l’assainissement des finances publiques, pour la stabilisation du cadre macroéconomique ».
L’objectif du gouvernement est d’accroître ses marges de manœuvres budgétaires, en augmentant les recettes internes et en rognant sur certaines dépenses, afin d’investir dans les secteurs qu’il considère comme prioritaire, tels que l’éducation et la santé.
En 2017, la part estimée du déficit imputable aux chocs sécuritaires et alimentaires est de l’ordre de 55% pour un déficit moyen de 7 %. Lors de la présentation du budget à l’assemblée le 26 octobre, Hassoumi a fait part de ses craintes concernant une possible dérive des finances publiques : « Cette dégradation progressive du déficit budgétaire accroît les risques sur la soutenabilité de la dette et réduit considérablement l’espace budgétaire ».
Problèmes sécuritaires et évolution défavorable des cours des matières premières
Une délégation du Fonds monétaire international (FMI) a achevé une visite à Niamey le 6 novembre dans le cadre de la première revue du programme de soutien à l’économie nigérienne enclenché en janvier 2017 pour un montant de 134 millions de dollars en plusieurs versements sur 3 ans.
Selon Christoph A. Klingen, chef de mission du FMI au Niger, « les résultats macroéconomiques du Niger sont globalement satisfaisants, en dépit des problèmes sécuritaires et de l’évolution défavorable des cours des matières premières, en particulier pour l’uranium ». La croissance devrait atteindre 5,2 % en 2017 et 2018.
Satisfecit du FMI quant à la politique budgétaire
Concernant la politique budgétaire du gouvernement, Klingen considère les mesures du gouvernement comme « solides », permettant un accroissement des recettes internes et d’améliorer la qualité de la dépense publique, en cohérence avec le programme du Fonds pour le pays. Selon lui, les finances publiques sont « sur la voie d’atteindre le critère de convergence de l’UEMOA de 3 % du PIB pour le déficit budgétaire global dons compris d’ici 2020 ».
Les objectifs fixés par le Fonds en termes de réforme (stabilité macroéconomique, hausse de l’assiette fiscale, contrôle des dépenses publiques) sont globalement atteints, malgré la baisse des échanges avec le Nigeria qui a eu un effet négatif sur les recettes publiques, et le FMI recommande donc le versement de la prochaine tranche d’aide de 11 milliards de FCFA prévue en janvier 2018.
Des mesures considérées comme « antisociales »
Minoritaire à l’Assemblée, l’opposition s’est fait entendre dans la rue, marquant son désaccord avec des mesures considérées comme « antisociales » lors de plusieurs manifestations. L’une d’entre elle a dégénéré le 29 octobre et trois militants de la société civile ont été arrêtés puis relâchés le 24 novembre.
L’Association de défense des droits des consommateurs des technologies de l’information de la communication et de l’énergie (Actice), qui avait appelé à ce rassemblement, a depuis été dissoute par le pouvoir.
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