RDC – Présidentielle 2016 : les évêques montent au créneau
Pas de fraude électorale, pas de modification du nombre des mandats présidentiels : les évêques de RDC lancent une mise en garde. Que le pouvoir et l’opposition interprètent différemment.
La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a bien choisi son moment pour s’exprimer : le 1er juillet, quarante-huit heures après le discours du président Joseph Kabila. Au lendemain de la Fête nationale, dans un texte de huit pages, les évêques insistent sur la tenue de scrutins sans tricherie et, surtout, sur le respect des articles de la Constitution qui ne sont pas modifiables.
>> À lire aussi : vers un troisième mandat de Joseph Kabila ?
"Pour nous, précise l’abbé Léonard Santedi, secrétaire général et porte-parole de la Cenco, c’est à la fois un éveil des consciences et une mise en garde. Les élections [locales prévues en 2015, présidentielle en 2016] ou le caractère inviolable de l’article 220 de la Constitution, qui limite à deux les mandats du chef de l’État, sont des enjeux majeurs pour la stabilité du pays.
Nous lançons un appel pressant pour que chacun se mobilise contre des comportements qui pourraient signer un retour à l’arbitraire." La déclaration de la Cenco s’inscrit dans le droit fil de son combat contre les différents pouvoirs depuis les années 1970. Et ce n’est pas un hasard si l’actuel cardinal Laurent Monsengwo Pasinya a dirigé, de 1990 à 1992, les travaux de la Conférence nationale souveraine, puis le Haut Conseil de la République (le Parlement de transition) jusqu’en 1996.
Défendre la jeune démocratie
La voix des évêques catholiques, qui s’engagent à sensibiliser la population sur "l’importance de l’article 220" et à "défendre les options fondamentales qui sauvegardent notre jeune démocratie" sera-t-elle entendue ? En d’autres termes, cette prise de parole exhorte le président Kabila à ne pas briguer un troisième mandat en 2016 pour permettre une alternance démocratique.
Les évêques "ont exprimé une opinion en tant que fraction importante de la société. C’est à replacer dans une perspective patriotique", explique le politologue Philippe Biyoya. La position de l’Église suscite des réactions contrastées. Lambert Mende Omalanga, le porte-parole du gouvernement, considère qu’"il s’agit d’une interpellation générale, qu’on aurait tort de considérer comme un pavé jeté contre tel ou tel camp politique". Pour l’opposition, elle s’apparente à un anathème contre le pouvoir, et donc à une bénédiction pour elle.
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