En Tunisie, les chevilles ouvrières de l’entrée dans la Cedeao s’activent
Après la visite du président de la Commission de la Cedeao à Tunis, le secteur privé compte bien transformer l’essai. Des patrons tunisiens sont à la manœuvre et se regroupent pour peser sur les décideurs politiques.
« La Tunisie a tourné son regard vers le sud du continent en même temps que le Maroc, mais depuis peu elle accuse une forme de retard », constate Hakim Ben Hammouda, ancien ministre de l’Économie et des Finances, quelques jours après la visite à Tunis de Marcel de Souza, le président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), du 19 au 22 novembre. « Le secteur privé est resté très attentif aux évolutions, il pousse les décideurs politiques à prendre des décisions, poursuit-il. C’est de lui, en grande partie, qu’émanent les initiatives les plus audacieuses. »
Le TABC à la manoeuvre
Durant sa visite, Marcel de Souza a pu ainsi discuter avec des membres de l’organisation non-gouvernementale Tunisia Africa Business Council (TABC), créée en 2015 et présidée par Bassem Loukil, le patron du groupe Loukil, et dont Anis Jaziri, ancien conseiller économique du président Moncef Marzouki, est le secrétaire général. TABC est composée d’acteurs économiques, associés dans le but de replacer le continent africain au centre des politiques économiques.
Anis Jaziri assure à Jeune Afrique : « Les démarches pour intégrer la Cedeao sont bien réelles, bien concrètes ». Lors de la visite, de Marcel de Souza et Khémaies Jhinaoui, ministre tunisien des Affaires étrangères, ont signé un mémorandum d’entente comprenant une feuille de route pour développer les relations entre le regroupement régional et la Tunisie. « Le mémorandum, c’est un outil symbolique qui vient jalonner la route vers l’intégration. »
Le 4 juin, la Tunisie a été admise comme membre observateur de la Cedeao lors de la Conférence des chefs d’État à Monrovia. Lors du prochain sommet de la Cedeao en décembre, qui devrait voir le Maroc intégrer pleinement l’entité, la Tunisie sera de la partie comme pays observateur. Un moyen de mettre un pied dans l’institution avant d’y prendre un siège.
Anis Jaziri confirme : « Nous ne craignons pas de pousser pour libérer les volontés. Il faut tendre la main à l’Afrique de l’Ouest francophone, un espace naturel d’évolution et à l’Afrique de l’Est, qui est la région la plus dynamique du continent. » La Tunisie compte aussi intégrer, d’ici 2018, le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa). L’intégration pourrait se faire dès janvier, selon une source à Tunis.
Plaider à l’intérieur
En coulisses, le TABC s’active aussi sur différents sujets. Tout en maintenant le contact avec les centaines de fonctionnaires et personnalités passés par la capitale tunisienne alors qu’elle accueillait encore la Banque africaine de développement (BAD), depuis repartie à Abidjan, ses adhérents plaident pour les aménagements nécessaires à un retour vers l’Afrique : des garanties plus importantes pour les exportateurs, des assurances solides, un secteur bancaire plus dynamique sur ce volet, des réformes pour lever certaines barrières douanières…
Jaziri, du coup, voit aussi la visite de Marcel de Souza comme « un message à l’intérieur, pour les Tunisiens : il faut avancer ». Le but : se placer comme un leader du BTP en Afrique de l’Ouest, booster le secteur des nouvelles technologies et trouver de nouveaux débouchés pour les produits tunisiens, notamment ceux de l’industrie agroalimentaire.
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