Balle à terre !

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  • Tshitenge Lubabu M.K.

    Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.

Publié le 1 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

La Coupe du monde de football 2014 est au zénith. C’est certainement la plus grande compétition mondiale, vu le nombre de terriens qui s’y intéressent. Il m’arrive de me demander si toute cette mobilisation ne serait pas utile à des causes plus sérieuses. Loin de moi cependant l’idée que le football n’est pas une activité sérieuse. Je m’y intéresse donc, tout en ne comprenant pas pourquoi on doit courir pendant quatre-vingt-dix minutes derrière un ballon.

Cela étant, je suis le Mondial depuis le début avec, à mon corps défendant, une forte dose de chauvinisme. Mon souhait : voir les équipes africaines écraser leurs adversaires. Las, j’ai rêvé debout. Les joueurs du continent, qui font pourtant partie de l’élite footballistique mondiale, n’ont globalement pas été à la hauteur. À la place, j’ai vu des zombies sans imagination. Même si, il faut le reconnaître, le ballon rond est très capricieux.

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On a beau s’appeler Yaya Touré ou Samuel Eto’o, quand la balle refuse d’aller caresser les filets, les carottes sont cuites. J’aimerais savoir si ces jeunes gens, après un nombre incalculable de matchs au cours de différents championnats, n’ont tout simplement plus rien dans les jambes ni… dans la tête. On parle du geste stupide du Camerounais Alexandre Song ? Que dire alors du cannibalisme de l’Uruguayen Luis Suárez ? N’est pas Roger Milla qui veut !

Cela dit, je suis quand même ulcéré par des propos tenus, dans ma ville, par certains supporters africains. Selon une dame, si nos équipes encaissent des buts, c’est parce que "les Noirs sont comme ça : ils ne sont ni sérieux ni intelligents". Qu’un attaquant africain rate l’occasion de marquer un but, un monsieur s’enflamme : "Les Noirs ne changeront jamais ! Ce joueur est égoïste et voulait profiter seul de la gloire !"

Que diraient alors les Espagnols, les Anglais, les Japonais et autres Italiens dont les équipes ont mordu le gazon brésilien ? Si j’ai bien compris ces réflexions spontanées et "sérieuses", quand on est africain ou noir, on n’appartient pas à la même humanité que les autres. Par conséquent, on n’a droit ni à l’erreur ni à la défaite. Or le résultat d’un match n’est jamais connu d’avance, que l’on soit sorcier ou magicien. Seul le hasard est roi.

D’aucuns parlent de primes que certains pays n’accorderaient pas aux joueurs. Mais, en 1974, alors que j’étais en terminale, l’équipe nationale du Zaïre venait d’être sacrée championne d’Afrique et allait représenter le continent à la Coupe du monde, en Allemagne. Les Léopards furent gâtés : un pactole, une voiture Passat, une villa à chacun. Sans compter la souscription nationale obligatoire à laquelle moi, pauvre élève, je dus participer. Mais, une fois en Allemagne, nos Léopards encaissèrent 14 buts sans en marquer aucun. Était-ce une question de motivation, de couleur de l’épiderme ?

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Je serai heureux le jour où, sur l’ensemble du continent, nous nous lèverons comme un seul homme pour dire non à la corruption, au clientélisme, à la concussion, à l’incompétence de nos dirigeants, aux tripatouilleurs de nos lois fondamentales, aux prédateurs qui prennent tout et ne nous laissent rien. Voilà des causes qui méritent notre indignation, notre colère, notre intransigeance et notre mobilisation. Le football ? Bof ! l

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