La Cemac entre rebelles, islamistes et pirates
C’est devant une Cemac impuissante que l’État centrafricain s’est effondré. Certes, la Communauté a tenté de s’interposer entre les parties en conflit. Mais pour mieux constater ensuite son incapacité à empêcher la Séléka de s’emparer du pouvoir par les armes, en mars 2013, à éviter l’implosion de ce qu’il restait de l’État, les massacres et pillages perpétrés par cette coalition hétéroclite, avant que l’exaspération de la population ne se mue en haine des chrétiens contre les musulmans…
Bilan plus que mitigé donc, pour la Mission de consolidation de la paix en Centrafrique (Micopax), qui a fonctionné entre 2008 et 2013 avec près de 2 700 militaires et policiers issus des cinq autres pays membres de l’organisation sous-régionale. Censée s’interposer entre les camps adverses lors des deuxième et troisième guerres civiles centrafricaines, cette mission de la Force multinationale de l’Afrique centrale (Fomac) bénéficiait du soutien financier et logistique de l’Union européenne et de la France.
Elle a été remplacée, en décembre 2013, par la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca), dirigée par l’Union africaine. Le conflit menace toujours de s’étendre aux pays voisins, tandis que l’afflux des réfugiés fragilise leur équilibre économique.
La Cemac doit également faire face d’urgence à la montée du péril islamiste au Nigeria. La lutte que livre ce pays à l’insurrection armée de la secte Boko Haram se poursuit en territoire camerounais et tchadien. Les pays de la région ont tardé à s’organiser pour y faire face, obligeant la France, le 17 mai, à prendre l’initiative du sommet à l’Élysée pour favoriser, selon le président François Hollande, "la coordination du renseignement, l’échange d’informations, le pilotage central des moyens, la surveillance des frontières, une présence militaire autour du lac Tchad et une capacité d’intervention en cas de danger".
Enfin, les actes de piraterie ne cessent de se multiplier en Afrique de l’Ouest, notamment au large de l’Angola. Ce fléau pourrait entraver l’exportation du pétrole, qui constitue la principale ressource budgétaire de cinq des six pays de la Communauté.
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