Emmanuel Macron sur la colonisation : « On doit parler de ces pages noires, comme des pages glorieuses »
Dans un entretien à la chaîne TraceTV, le président français Emmanuel Macron a prôné une « réconciliation des mémoires », rejetant « déni » et « repentance » pour la colonisation.
A l’occasion de son passage au Ghana, dernière étape de sa tournée africaine, Emmanuel Macron a accordé un entretien d’une heure, jeudi, à TraceTV, chaîne en direction notamment de la jeunesse africaine.
Interpellé par une Française d’origine congolaise sur la question de la colonisation et sur d’éventuelles mesures de « réparation », le chef de l’État français, qui s’apprête à aller en Algérie, a estimé que « la réparation est mémorielle ».
Mémoire de l’esclavage
« Cette jeune femme n’a pas vécu la colonisation, donc elle ne peut se construire sa vie, son projet de vie, la relation avec le pays où elle est, la France, avec ça. Je ne vais pas dire ‘la France doit verser un subside, ou reconnaître ou indemniser’, ce serait totalement ridicule. En termes de mentalité, ce n’est pas une façon de construire son avenir », a-t-il lancé, avant d’ajouter que « pour que (cette jeune femme) puisse pleinement se construire, avoir sa place, il faut qu’il y ait une réconciliation des mémoires, c’est ce à quoi je tiens beaucoup. C’est-à-dire que dans la mémoire française, dans l’histoire de la France, comme dans l’histoire de l’Afrique, on doit parler de ces pages noires, comme des pages glorieuses »
Citant en exemple le centre de mémoire sur la traite et l’esclavage ouvert en 2015 sur l’île de la Guadeloupe aux Antilles françaises, Emmanuel Macron a estimé « a permis de reconnaître la mémoire de l’esclavagisme, la place que cela a eu en particulier dans les territoires d’Outremer français mais aussi sur tout le continent africain ».
« Crimes contre l’humanité »
« J’ai souvent dit: ni déni, ni repentance. Il faut regarder les choses en face, c’est notre histoire commune », a-t-il ajouté, appelant à « regarder de manière très dépassionnée cette période ». Et de conclure: « ce passé c’est notre viatique pour l’éternité, comme disait Jankélévitch. Mais ce qui compte, c’est notre avenir commun ».
Interrogé sur cette question en février dernier lors d’un voyage à Alger, Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, avait déclenché une polémique en qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité ». « C’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes « , avait alors déclaré le futur président à chaîne privée algérienne Echourouk News. Des propos qui avaient notamment fait réagir plusieurs élus de droite et d’extrême droite.
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