Ramadan : nuits d’excès à Tunis
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Frida Dahmani
Frida Dahmani est correspondante en Tunisie de Jeune Afrique.
Publié le 8 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.
Le ramadan en Tunisie ? C’est simple : le jour se substitue à la nuit. L’inversion du rythme nycthéméral inquiète les médecins, qui auront beau alerter diabétiques et hypertendus sur les risques de chambouler les horaires de prescription, la pression sociale l’emporte. Quitte à dissimuler : beaucoup déclarent jeûner mais ne se privent pas pour se désaltérer – ce qui est heureux par temps de canicule.
Oublié le rôle de régulateur du mois saint, il exacerbe tous les travers ! Grogne, impatience et course frénétique à l’approvisionnement le jour, bombance et veillées le soir… Une aubaine pour les commerçants, qui triplent leur chiffre d’affaires, une catastrophe pour l’économie, dont la productivité est ralentie. Depuis la révolution et l’émergence du conservatisme, le ramadan devient aussi, de plus en plus, synonyme de ferveur religieuse. Les tarawih, prières du soir spécifiques à cette période, sont largement suivies dans toutes les couches de la population.
>> À lire aussi : un ramadan hors de prix ?
Si bien que cette année, en raison des concomitances horaires, beaucoup se priveront de Coupe du monde pour observer leur devoir religieux… mais iront ensuite aux réunions des partis politiques qui entament leur campagne électorale. Certains ne se priveront pas de dénoncer les mosquées où le prêche se radicalise au détriment du recueillement et de la piété. Pendant ce temps, l’alerte sécuritaire montera d’un cran. Difficile de contrôler les foules qui envahissent les espaces publics le soir, et plus encore de distinguer les jeûneurs qui se laissent pousser la barbe des extrémistes religieux !
Rien que de très normal dans un pays qui cherche ses marques. Encore une fois se posera la question d’ouvrir ou non les cafés le jour, tandis qu’à l’heure de la rupture du jeûne, quand certains savoureront leur chorba ou leur première cigarette, d’autres feront monter de 15 % le nombre des accidents de la route à force d’appuyer sur le champignon. Le principal repas de la journée ne peut attendre !
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© MAHMUD TURKIA / AFP
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