Tunisie – Mehdi Houas : « Garantir la protéine à coût réduit » pendant le ramadan

Point d’orgue du calendrier islamique, le mois sacré impose son rythme à l’ensemble de la communauté musulmane. Entretien avec Mehdi Houas, ex-ministre tunisien du Commerce et du Tourisme (2011).

L’ancien ministre, Mehdi Houas, a dû faire face à des pénuries alimentaires. © Jacques Demarthon/AFP

L’ancien ministre, Mehdi Houas, a dû faire face à des pénuries alimentaires. © Jacques Demarthon/AFP

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Publié le 8 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

JEUNE AFRIQUE : Comment aborde-t-on l’échéance du ramadan quand on est ministre du Commerce en Tunisie ?

MEHDI HOUAS : Le ramadan se prépare six mois à l’avance, quand le ministère du Commerce commence à faire des stocks. La Tunisie a hérité des années Nouira [Premier ministre de 1970 à 1980] une tradition de planification atypique et sophistiquée, basée sur la confiance entre l’État et le secteur agroalimentaire. Tout se fait en concertation avec les industriels, qui sont dédommagés par le ministère des coûts engendrés par le stockage des denrées. Il faut éviter à la fois la pénurie et l’inflation, ce qui peut se résumer par cette formule : "garantir la protéine à coût réduit".

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Vous étiez ministre au lendemain de la révolution tunisienne et durant la guerre en Libye. Quels défis avez-vous dû relever ?

En Tunisie, malgré l’angoisse générale, tout avait été planifié normalement. Mais dès mars-avril 2011, nous nous sommes retrouvés dans l’obligation de ravitailler la Libye, car la Tunisie était le seul point de transit terrestre pour les marchandises à destination de la Tripolitaine. C’était un défi supplémentaire, qui a déstabilisé notre système de planification et créé d’énormes perturbations. Nous avons dû créer un groupe de travail avec nos homologues libyens et des représentants de la région rebelle de Benghazi pour assurer, dans la mesure du possible, l’approvisionnement de notre voisin en produits alimentaires de première nécessité.

Nous avions aussi le mandat d’acheter sur les marchés internationaux pour le compte de la Libye, qui n’avait pas de problème de solvabilité. Par précaution, nous avions pris des positions pour 3 millions de litres de lait, 50 millions de litres d’eau minérale et 6 000 tonnes de pommes de terre, mais nous n’avons pas eu à utiliser ces options. La veille du ramadan, le Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, m’a convoqué pour me demander si j’étais bien sûr de mon coup. Je l’ai rassuré. Chacun appréhendait le ramadan, les pénuries qu’il allait occasionner, mais objectivement, au vu des stocks et de la planification, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter.

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Depuis deux ans, l’inflation est de retour en Tunisie, et elle touche les denrées de base. Comment l’expliquez-vous ?

Je ne me l’explique pas. La période la plus anxiogène et la plus propice à une inflation débridée était entre janvier et octobre 2011, avec la conjugaison des effets de la révolution et de la guerre en Libye. Par la suite, alors que les causes objectives de l’inflation avaient disparu, les prix se sont envolés. C’est donc que quelque chose s’est déréglé ou a été déréglé au niveau du ministère du Commerce..

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Propos recueillis par Samy Ghorbal

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