RDC : la short list des amnistiés

Une centaine de détenus se plaignent de ne pas bénéficier de la loi d’amnistie promulguée en février. Et dénoncent la mauvaise volonté du pouvoir congolais.

À la prison centrale de Makala, à Kinshasa. © Junior D. Kannah/AFP

À la prison centrale de Makala, à Kinshasa. © Junior D. Kannah/AFP

ProfilAuteur_TresorKibangula

Publié le 4 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

En quatre mois, seules 385 personnes ont été amnistiées. Des milliers d’autres – prisonniers politiques, exilés ou ex-rebelles – attendent toujours de connaître leur sort. "C’est un casse-tête, un flou bien organisé", dénonce Emmanuel Adu Cole, l’un des responsables de la Fondation Bill Clinton pour la paix, qui suit le dossier à Kinshasa.

>> À lire aussi : qui sont les 100 nouveaux bénéficiaires de la loi d’amnistie ?

la suite après cette publicité

Dans une pétition adressée le 20 juin au président Joseph Kabila, dont J.A. a pu se procurer une copie, une centaine de détenus de la prison centrale de Makala, se disant "éligibles" à l’amnistie, ont fustigé "l’exécution non transparente" de la loi du 11 février dernier portant sur les faits insurrectionnels, faits de guerre et infractions politiques commis entre le 18 février 2006 et le 20 décembre 2013.

Parmi eux, Éric Kikunda, fils d’un ancien dignitaire du régime Mobutu, et Me Firmin Yangambi, militant des droits de l’homme, qui s’était déclaré candidat à la présidentielle de 2006. En ligne de mire : Wivine Mumba, la ministre de la Justice, accusée de se montrer "sélective". "De nombreuses personnes ont accompli toutes les formalités préalables pour bénéficier de ce texte [notamment en s’engageant à ne plus récidiver]. Et pourtant, certaines d’entre elles ne figurent pas sur les listes d’amnistiés alors qu’elles remplissent tous les critères", s’insurge un militant des droits de l’homme. "Il y a un manque de volonté politique", ajoute-t-il.

>> À lire aussi : RDC : Kapend, Diomi Ndongala, Lumbala… Amnistiables ou pas ?

Exclure certains opposants du jeu politique

la suite après cette publicité

"Personne ne sera oublié", promet pourtant Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement. À l’en croire, il reste deux mois pour faire appliquer la loi, et en attendant les dossiers sont examinés "au cas par cas". "L’époque des amnisties automatiques et collectives est révolue. Tous ceux qui sont soupçonnés d’avoir commis des crimes graves – notamment des crimes de guerre et des violences sexuelles – ne sont pas amnistiables", rappelle-t-il.

Autrement dit, Kinshasa tient sa liste noire des "mauvais sujets" de la République. Mais beaucoup d’observateurs craignent qu’elle ne serve à exclure certains opposants du jeu politique…

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires