Afrique du Sud : Nelson Mandela et ses pairs

Quelles étaient les relations de Madiba avec Élisabeth d’Angleterre, George W. Bush et ses pairs africains ? Dans « Good Morning », Mr. Mandela, Zelda La Grange, qui fut son assistante, raconte.

Nelson Mandela et Robert Mugabe à Harare, en mai 1997. © Howard Burditt/Reuters

Nelson Mandela et Robert Mugabe à Harare, en mai 1997. © Howard Burditt/Reuters

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 3 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Avec ses longs cheveux blonds, sa peau diaphane et son physique massif, Zelda La Grange est le type même de la femme afrikaner. Jusqu’en 1994, elle était aussi raciste (elle le reconnaîtra plus tard) et nostalgique de l’apartheid. Tout l’opposait aux militants de l’ANC qui venaient d’arriver au pouvoir en Afrique du Sud. Et c’est justement pour cela que Nelson Mandela, en brillant stratège, choisit cette jeune dactylographe pour l’accompagner dans ses déplacements à l’étranger.

Lors de sa première visite officielle (qui était aussi son premier voyage hors d’Afrique du Sud) chez l’empereur du Japon, elle comprendra la raison de ce choix. "En regardant mes collègues, je me rendis compte que notre délégation était parfaitement "représentative" […] Le président voulait que toutes les races soient représentées dans son équipe."

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"Nelson Mandela était furieux quand il a appris la façon dont Kadhafi a été tué"

Grâce son charme naturel, Mandela balaie progressivement ses préjugés, et elle lui est d’un dévouement total. Se noue peu à peu une relation privilégiée, au point que Madiba fera de Zelda sa principale assistante.

Good Morning, Mr. Mandela (éditions Kero), le récit très personnel de deux décennies de collaboration, est parsemé d’anecdotes sur les relations du président sud-africain avec ses homologues. Comme celle-ci, à propos de la reine d’Angleterre : "Un jour, Graça Machel [son épouse] lui expliqua que ce n’était pas correct d’appeler la reine par son prénom. Il répondit : "Mais, elle m’appelle bien Nelson !" Une fois, en la voyant, il lui lança : "Oh, Élisabeth, vous avez perdu du poids !""

Avec le Guide libyen Mouammar Kadhafi – dont Mandela était proche – le protocole était très différent. "On attendait plusieurs jours de ses nouvelles [à Tripoli] quand, soudain, tout le monde devait se mettre au garde-à-vous et se rendait là où il se cachait, parfois dans le désert, car il redoutait toujours les attaques surprises de l’Occident." "J’étais avec lui, dans sa maison de Qunu, lorsque nous avons appris la mort de Kadhafi, a confié Zelda La Grange à Jeune Afrique, lors d’un récent passage à Paris. Il avait encore suffisamment de lucidité pour comprendre la façon dont Kadhafi avait été tué. Il était furieux."

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Mandela avait en revanche peu de tendresse pour le Zimbabwéen Robert Mugabe. Il ne supporta pas, par exemple, que celui-ci arrive avec une heure de retard lors d’un sommet de chefs d’État à Maurice, en 1998. "Lorsque le président Mugabe fit son entrée, un autre chef d’État était en train de s’adresser à l’assemblée. Le président Mandela l’interrompit […] après quoi il se lança dans un discours improvisé d’une vingtaine de minutes, stigmatisant le manque de respect manifesté par certains. […] C’est la dernière fois que je fus le témoin d’un contact entre eux", écrit Zelda La Grange.

"Il était très impliqué dans les crises des Grands Lacs, et c’est sans doute avec les présidents de cette région qu’il a passé le plus de temps pendant sa présidence : Benjamin Mkapa de Tanzanie, Yoweri Museveni d’Ouganda, Arap Moi du Kenya et Paul Kagamé du Rwanda", se souvient l’ancienne assistante.

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Zelda La Grange : "Ses vieux amis ne pouvaient… par Jeuneafriquetv

Il faisait attention à tout le monde

Farouchement opposé à la décision de George W. Bush d’envahir l’Irak en 2003, Mandela cherche à lui exprimer son désaccord lors de son dernier voyage aux États-Unis deux ans plus tard. Mais "Bush était bien plus intéressé par le fait d’apparaître [à ses côtés] dans les médias que d’écouter ce qu’il essayait de dire." C’est lors de cette même visite que Mandela reçut un message d’un sénateur nommé Barack Obama. "Il se montra extrêmement respectueux envers le vieux Madiba et je fus frappée par le fait qu’il faisait attention à tout le monde, du portier au "secrétaire". Quelque chose de très similaire au caractère de Mandela", écrit-elle, encore sous le charme.

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