L’œil de Glez : sur Jérusalem, un kamikaze nommé Trump
Dans le désert diplomatique d’un processus de paix qui n’en est plus un, le président américain a pris le risque de mettre le feu aux poudres avec sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.
-
Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 7 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.
Le locataire de la Maison-Blanche aurait cherché un sujet susceptible de susciter des réactions épidermiques qu’il ne s’y serait pas pris autrement. En annonçant, ce mercredi, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, Donald Trump active un levier polémique dont l’arrière-plan explosif comporte tout à la fois des relents de colonialisme, d’antisémitisme, de fondamentalisme, de viol de résolutions onusiennes et d’incantations historiques d’autant plus manipulées qu’elles sont mal maîtrisées.
>>> A LIRE – Statut de Jérusalem : Mohammed VI, président du comité Al Qods, interpelle Donald Trump
Une décision électoraliste
Quelle mouche a donc piqué ce président américain que l’actualité internationale fait généralement bâiller, tout du moins quand celle-ci ne lui donne pas l’occasion de bander les muscles face à un chef d’État aussi mal coiffé que lui ?
C’est que la question, pour Trump, est moins étrangère qu’il n’y paraît. Et moins géopolitique qu’électoralement stratégique. En faisant cette annonce tonitruante, le président américain tient une promesse centrale de sa campagne, décision domestique, donc, dans un pays dont la communauté juive est sensiblement aussi nombreuse que les juifs d’Israël.
Alors que des chancelleries redoutent une flambée de violence, les mises en garde n’ont pas manqué, venues de Rabat, de Londres, de Paris et même du Vatican. Chargé de trouver une issue au conflit israélo-palestinien, le propre gendre de Donald Trump, Jared Kushner, doit être gêné aux entournures…
Nouvelle marque de défiance à l’égard des musulmans
L’exécutif américain souligne que retarder la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël « n’a, pendant plus de deux décennies, en rien aidé pour arriver à la paix ».
Pourtant, à l’annonce de Trump, deux sentiments domineront dans l’esprit de nombreux observateurs amateurs. Primo, dorénavant, les États-Unis pourront difficilement se positionner comme médiateur, alors qu’ils tentaient d’apparaître impartiaux, lors des accords d’Oslo de 1993. Secundo, en filigrane, en ricochet et en perspective du décret anti-immigration récemment réchauffé, la douche froide réservée à l’Autorité palestinienne – cette dernière rappelant que Jérusalem-Est a été annexée par Israël en 1967 – ressemblera à une nouvelle marque de défiance à l’égard des musulmans.
« M. Trump, Jérusalem est une ligne rouge pour les musulmans », a averti le président turc Recep Tayyip Erdogan, président en exercice de l’Organisation de la coopération islamique…
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...