Pour Mahammed Dionne, le Sénégal est « installé dans la dynamique de l’émergence »

Dans son discours de politique générale, le Premier ministre sénégalais, Mahammed Boun Abdallah Dionne, a mis l’accent sur la situation économique du pays, qui s’est selon lui considérablement améliorée depuis 2012.

Le Premier ministre sénégalais Mahammed Boun Abdallah Dionne lors de sa première allocution, le 6 juillet 2014. © Erick Christian Ahounou

Le Premier ministre sénégalais Mahammed Boun Abdallah Dionne lors de sa première allocution, le 6 juillet 2014. © Erick Christian Ahounou

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Publié le 6 décembre 2017 Lecture : 6 minutes.

C’est un discours d’une tonalité très économique – et très optimiste – que le Premier ministre du Sénégal, Mahammed Boun Abdallah Dionne, a livré aux députés le 5 décembre, à quelques jours du vote de la loi de finances.

Pour le chef du gouvernement sénégalais, le Plan Sénégal émergent (PSE), lancé par Macky Sall, porte ses fruits et permettra au pays d’enregistrer un taux de croissance de plus de 6 % par an sur quatre années consécutives (de 2015 à 2018), « une première dans l’histoire économique du Sénégal ».

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« Ces performances valent à notre pays de figurer aujourd’hui parmi les cinq pays ayant les croissances économiques les plus fortes sur le continent », s’est réjoui Mahammed Boun Abdallah Dionne, se félicitant aussi d’une inflation « contenue sous la barre des 2 % » et de la « réduction significative et continue du déficit budgétaire », qui devrait être de 3,7 % du PIB en 2017, contre 6,7 % en 2011.

Retour sur les points forts de son discours.

  • Agriculture : records de production

« La production d’arachide, qui est passée de 527 mille tonnes en 2011 à 1 million de tonnes dès 2015 et est attendue à plus de 1,411 million de tonnes en 2017, connaît une hausse de 73 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années, un record depuis quarante ans », a relevé le Premier ministre, qui a également signalé que la production de riz a plus que doublé en cinq ans, pour atteindre 1,015 million de tonnes en 2017.

  • Le Sénégal bien positionné pour être parmi les trois premiers producteurs mondiaux de phosphates et d’acide

« Les niveaux de production attendus pour 2017 sont respectivement de 1,8 million de phosphates de chaux et de 500.000 tonnes d’acide phosphorique pour les ICS et 1,2 million pour les phosphates de Matam. Le renforcement de la production des mines de Matam et la mise en exploitation de celles des régions de Diourbel, Matam, Louga, Thiès et Kédougou augurent de bonnes perspectives pour la filière phosphates », a annoncé Mahammed Dionne, qui estime que « le Sénégal est aujourd’hui bien positionné pour être parmi les trois premiers pays producteurs mondiaux de phosphates et d’acide »

  • L’industrie touristique se redresse
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« Au cours de ces trois dernières années, le secteur a enregistré une hausse de 7 % du nombre d’établissements entre 2014 et 2016, de 22 % des capacité en lits, de 20 % des entrées de touristes avec 1,2 millions d’entrées en 2016 et une hausse de 26 % des recettes touristiques, passées de 342 milliards francs CFA en 2014 à 430 milliards de francs CFA en 2016 », a précisé le Premier ministre, avant d’annoncer un objectif d’1,5 million de touristes en 2018 et de 3 millions en 2023.

« Cet objectif est bien à notre portée, si l’on considère les performances actuelles qui découlent de mesures fortes relatives à la baisse des redevances aéroportuaires, à l’érection de la Casamance en Zone touristique spéciale d’intérêt national et à la baisse de la TVA à 10% pour le secteur, en sus de nos atouts en termes de stabilité politique », estime-t-il.

  • Le Sénégal « peut envisager la possibilité d’exporter de l’électricité »
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La mise en service des les centrales solaires de Mékhé, de Merina Dakhar et de Kahone, ainsi que la centrale à charbon de Sendou permettront de « porter la puissance installée de Senelec à environ 1.100 MW dont 19 % d’énergies renouvelables, pour une demande totale de 610 MW. C’est dire que Senelec dispose aujourd’hui de réserves suffisantes qui lui permettent de respecter son planning de maintenance et d’ envisager même la possibilité d’exporter de l’électricité », assure le chef du gouvernement, rappelant que ces capacités seront encore renforcées en 2018, avec la mise en service de la première tranche de 50 MW de la centrale éolienne de Taïba Ndiaye et des centrales solaires de Diass (25 MW), de Sakal (20 MW) et de Kahone (20 MW).

Dans le cadre de renforcement des capacités de production énergétique, mais aussi des potentialités du Sénégal dans le domaine des hydrocarbures, le chef du gouvernement a annoncé un projet de loi sur le partage des ressources pétrolières et gazières, qui devrait être soumis au vote « avant la fin du premier semestre 2018 ». Il permettra au gouvernement de « veiller à la conclusion de contrats miniers et pétroliers encore plus équitables en termes d’exigence fiscale et de justice sociale ».

  • Une société de gestion autoroutière

« Entre 2012 et 2017, plus de 1.362 km de routes, 52 km d’autoroutes et 13 nouveaux ponts et plus de 2500 km de pistes rurales ont été réalisés pour près de 1 300 milliards de FCFA », a annoncé Mahammed Dionne, qui entend bien continuer dans cette lignée et annonce un linéaire de 2 900 km de routes revêtues qui sera construit et réhabilité d’ici 2019. Cela comprend notamment l’autoroute Ila Touba, qui « sera mise en service en fin 2018, soit un an avant la fin des délais contractuels », et l’autoroute AIBD – MBour – Thiès, « dont la section AIBD – Thiès sera ouverte à la circulation en fin d’année 2017, début 2018 ». 

Pour gérer cette densification du réseau autoroutier, le chef du gouvernement a annoncé la création, courant 2018, d’une société de gestion autoroutière, chargée de développer le réseau et d’assurer son exploitation et son entretien.

Parallèlement au développement routier, le Premier ministre a mentionné le Train express régional (TER), qui pourra acheminer jusqu’à 115 000 voyageurs par jour entre la gare de Dakar et le nouvel aéroport international Blaise-Diagne. 

  • De lourds investissements prévus dans l’éducation et la formation

Considérant l’éducation et la formation comme « un facteur clé du changement dans tous les domaines », Mahammed Dionne a annoncé un investissement de plus de 221,4 milliards de francs CFA d’ici 2019 pour l’élargissement des capacités d’accueil, l’extension de la carte éducative et l’amélioration des conditions de travail et d’apprentissage. Il permettra notamment la construction de 6 369 salles de classe.

Le Premier ministre a également déclaré que « plus de 81 milliards  de francs CFA seront consacrés d’ici 2020 au renforcement de l’employabilité des jeunes, à leur insertion professionnelle ainsi qu’au renforcement de l’offre d’infrastructures de formation professionnelle. »

Il a en outre indiqué que cinq instituts supérieurs de formation professionnelle sont en cours de construction sur les quatorze prévus, à Bignona, Diamniadio, Matam, Richard Toll et Thiès, précisant que les 434 milliards de francs CFA qui doivent être injectés dans le sous-secteur entre 2012 et 2019 « constituent plus du double de tout ce qui a été investi dans l’enseignement supérieur de 1960 à 2012 ».

  • Villes nouvelles

Le Premier ministre s’est également étendu sur les pôles urbains, ces « nouvelles cités offrant toutes les fonctionnalités, avec notamment une mixité avec des places d’affaires, des zones de production de biens et de services, d’équipements administratifs et collectifs, d’espaces pour de grands évènements culturels, sportifs, de rencontres internationales, d’infrastructures touristiques et de loisirs ». Diamnadio, la première du genre où un parc industriel intégré démarrera ses activités, en 2018, est en pleine structuration.

« La politique d’implantation de pôles modernes s’étendra au Lac Rose, à Déni Biram Ndao (sur 1.741 hectares) et Daga Kholpa (sur 2.870 hectares), ainsi que dans les régions. En ce qui concerne Daga Kholpa, une assiette foncière de 300 ha sera mise, en 2018, à la disposition des promoteurs immobiliers et des coopératives », a-t-il poursuivi.

  • Un renforcement du maillage du territoire en matière sanitaire et sociale

« Pour assurer un accès équitable à des soins de qualité, il est prévu dans les quatre prochaines années, la construction de 267 postes de santé, 22 centres de santé, 3 hôpitaux de niveau 2 à Kaffrine, Sédhiou, Kédougou, d’un hôpital de niveau 3 à Touba, d’un centre national du cancer à Diamnadio et d’un centre de traitement des brûlés à l’hôpital de Fann », a annoncé le Premier ministre, qui est revenu sur les initiatives de gratuité des soins, qui ont été sollicités dans « 7,2 millions de cas d’enfants de moins de cinq ans, plus de 314 000 cas de personnes âgées de 60 ans, tandis que plus de 45.000 femmes enceintes ont été prises en charge ».

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