En Algérie, Emmanuel Macron plaide pour « un partenariat d’égal à égal »
Le président français est à Alger pour une visite d’une journée pour échanger avec les dirigeants algériens sur le renforcement de la coopération économique et sécuritaire.
Emmanuel Macron a atterri mercredi matin à Alger. Pour sa première visite en tant que président français en Algérie, il a été accueilli par le président de la chambre haute et deuxième personnage de l’État Abdelkader Bensalah, le Premier ministre Ahmed Ouyahia et le chef de la diplomatie Abdelkader Messahel.
« Mémoire partagée » et Guerre d’Algérie
Dans la lignée de la rhétorique adoptée par le président français lors de sa tournée africaine la semaine dernière, Emmanuel Macron a assuré « connaître l’Histoire » et, en même temps, ne pas être « otage du passé ».
« Nous avons une mémoire partagée. Il faut en tenir compte. Mais je souhaite désormais, dans le respect de notre histoire, que nous nous tournions ensemble vers l’avenir », a poursuivi le premier président de la Ve République né après la Guerre d’Algérie (1954-1962).
Une visite express, une douzaine d’heures seulement, pour Emmanuel Macron qui arrive dans un contexte particulier puisque Alger avait mal pris son choix de privilégier, début juin, le rival marocain pour son premier déplacement au Maghreb.
« Je reviens dans l’état d’esprit d’un ami de l’Algérie, d’un partenaire constructif qui souhaite renforcer nos liens (…) pour faire fructifier une relation déjà dense », a expliqué Emmanuel Macron dans une interview conjointe aux quotidiens francophone El Watan et arabophone El Khabar, publiée mercredi.
Le rapport entre la France et l’Algérie doit être « un partenariat d’égal à égal », a poursuivi le président français alors que la « question de la mémoire » des 130 ans de colonisation (1830-1962) et de la Guerre d’Algérie pèse toujours sur les relations.
Lors d’un déplacement à Alger pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait d’ailleurs qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité », provoquant un tollé en France, notamment à droite et à l’extrême droite du spectre politique.
Il y a encore beaucoup de freins à l’investissement
Alors que la France reste le premier employeur étranger en Algérie, mais perd du terrain notamment face à la Chine, le chef d’État français a estimé que « l’Algérie doit s’ouvrir d’avantage. »
« Il y a encore beaucoup de freins à l’investissement », a-t-il estimé, relevant les nombreux « champs de coopération prometteurs » entre les deux pays dans le domaine économique.
Rencontre avec Abdelaziz Bouteflika
Après avoir déposé une gerbe au monument des martyrs de la Guerre d’Algérie, Emmanuel Macron s’est ensuite offert un bain de foule, à pied, au contact des habitants dans une rue du centre de la capitale, où son passage a été accueilli par de nombreux youyous.
Le président français devait également rendre visite à son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, dans sa résidence médicalisée de Zéralda, en banlieue d’Alger. Affaibli par les séquelles d’un AVC survenu en 2013, qui a affecté sa mobilité et son élocution, le président Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, reçoit peu de dignitaires étrangers.
Au menu des discussions avec les dirigeants algériens, Emmanuel Macron doit aborder les crises au Sahel et en Libye, qui préoccupent fortement Paris et Alger. La France veut notamment accélérer le déploiement de la force multinationale G5-Sahel (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso et Mauritanie). Une réunion sur ce sujet est programmée à Paris, le 13 décembre.
Le Sahel et la Libye
Alger, qui dispose de nombreux relais d’influence dans la région, a parrainé les longues tractations ayant abouti en 2015 à un accord de paix au Mali, qui peine à être appliqué, suscitant l’impatience de Paris.
« J’attends une coopération totale de tous ceux qui partagent l’objectif d’une paix durable au Mali. Et en effet j’attends beaucoup de l’Algérie », a expliqué le président français.
Parallèlement, l’association « Les Amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon », les deux journalistes de RFI tués au Mali en 2013, a dit espérer que la visite du président français à Alger fasse progresser l’enquête, alors que les juges d’instruction soupçonnent les assassins présumés d’être basés dans le sud de l’Algérie.
Emmanuel Macron s’envolera en fin de soirée pour une visite officielle de quelques heures au Qatar.
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