Côte d’Ivoire : petit lexique de la débrouille

Akwaba, kpakpatoya, s’enjailler… Voici quelques expressions, issues du nouchi, très utilisées en Côte d’Ivoire.

Dom © Dessin de DOM

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Publié le 20 décembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Alassane Ouattara en compagnie de Guillaume Soro à Abidjan le 4 décembre 2010 (photo d’illustration). © Thibault Camus/AP/SIPA
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Bien plus qu’une simple capitale (économique), Abidjan est redevenue « la » grande métropole ouest-africaine. Démesurée, tourbillonnante, elle envoûte autant qu’elle fatigue ses habitants. Dans les artères embouteillées du Plateau, sous les chics palmiers de Cocody ou au gré des rues de la trépidante Yopougon, les Ivoiriens et leurs soixante langues se mélangent à nombre de voisins venus de pays de la sous-région, aux Européens, aux Libanais, aux Chinois, etc. De l’ébrié au dioula et au bété en passant par le français et l’anglais, le vocabulaire y est sans cesse mixé et mouvant, avec pour star le nouchi, un argot issu d’un mélange de plusieurs langues qui donne aux conversations ivoiriennes toute leur saveur. Et pour qui vit ou vient dans la capitale économique, l’« abidjanais » est un langage qu’il vaut mieux maîtriser, sous peine de passer pour un gaou !

Akwaba !

Depuis les panneaux publicitaires jusqu’à vos premières rencontres, chacun vous souhaitera ainsi la « bienvenue » en terre Ébrié. À Abidjan, l’hospitalité est légendaire. Vos vieilles connaissances ne manqueront d’ailleurs pas de vous faire remarquer que « Cela fait deux jours ! » d’un ton teinté à la fois de joie et de reproche – comprenez : « Cela fait longtemps ! »

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Si vous arrivez seul, nul doute que, sitôt après avoir quitté l’aéroport ou être descendu de votre gbaka, le minibus abidjanais, vous n’aurez d’autre choix que de demander votre chemin. « C’est en bas là-bas », vous répondra-t‑on souvent en accompagnant ces mots d’un vague geste de la main… Il vous sera généralement difficile d’avoir une indication plus précise pour affronter le dédale de rues et l’étendue de la ville. Bonne arrivée !

Kpakpatoya

Des rues les plus chics aux glôglôs, les quartiers populaires, les Ivoiriens adorent les kpakpatoya, ces commérages qui rythment les journées. « On dit quoi ? » vous demandera-t-on régulièrement pour savoir comment vous allez. « Ya foye ! » faut-il répondre pour dire qu’« il n’y a rien » (c’est‑à-dire que tout va bien).

Attention tout de même à ne pas chercher de palabre, par exemple en estimant que la go d’un autre est kpata (« la fille d’un autre est belle »). Même s’il s’agit d’un compliment, un compagnon jaloux pourrait mal le prendre. Si vous l’entendez dire « je vais le dja » (« je vais le tuer »), il sera temps de quitter (« partir ») au plus vite, car vous aurez compris que ya drap (« il y a un problème »).

S’enjailler

La réputation des Abidjanais n’est plus à faire : ici, on aime s’enjailler. Dès la tombée de la nuit, les maquis, petits restaurants, sortent chaises et tables en plastique. Autour d’un poulet sauce ou d’un poisson braisé, d’alloco (bananes frites) et d’attiéké (semoule de manioc), tout le monde sirote des bières : la 66 (en référence au nombre de centilitres) est l’une des plus prisées, mais les grands buveurs s’arrachent la Drogba, du nom de la superstar du football ivoirienne, qui est évidemment la plus grande des bouteilles (1 litre).

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Plus tard dans la soirée, il faut aller danser sur du coupé-décalé, ce désormais célébrissime genre musical ivoirien qui tire son nom de la réputation sulfureuse de ses premiers chanteurs (au début des années 2000), considérés comme des bandits qui coupent (« arnaquent ») avant de décaler (« s’enfuir »). Afin de passer une bonne soirée, mieux vaut choisir un lieu choco (« chic »), qui ne ment pas (« bien fait »), plutôt qu’un endroit gâté. Il est également important de ne pas être moisi, donc d’avoir de l’argent. Vous pourrez alors admirer les boucantiers sapés comme jamais.

C’est doux, dêh !

Après quelques semaines, nul doute que vous maîtriserez sans peine le vocabulaire local. Vous pourrez ainsi compétir avec de vrais Abidjanais (« vous mesurer à eux »). Il sera peut-être alors temps pour vous de demander la route. Pour cela, nul besoin de carte ou de GPS, l’expression signifie « partir ». Mais vous reviendrez vite, car Abidjan est doux, dêh !

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