Tunisie – Avions présidentiels : un quadriréacteur pour deux
Indispensable attribut du pouvoir ou plaisir dispendieux, l’avion présidentiel est un objet mythique. De Bouteflika à Biya en passant par Déby Itno, les dirigeants africains ne s’en privent pas plus que les autres.
Zine el-Abidine Ben Ali n’était sans doute pas aussi riche qu’on a pu le prétendre. Mais il ne se refusait rien. S’il voyageait peu, le président déchu possédait deux avions, un Boeing et un Airbus. Le premier, un 737-BBJ acheté en 1999 et connu sous le nom d’Oscar Oscar, est devenu célèbre le 14 janvier 2011. C’est en effet à son bord que le dictateur s’est enfui en Arabie saoudite avec son épouse.
Le second, un A340-500 – rutilant quadriréacteur disposant de dix-neuf heures d’autonomie et capable de parcourir 16 600 km d’une seule traite -, a été livré en 2009, mais n’a jamais été utilisé. Les travaux d’aménagement de la cabine VIP, luxueusement décorée par Louis Vuitton, étaient en cours à Bordeaux (France) quand la révolution a éclaté. Conduits par Sabena Technics, l’ex-Sogerma, ils ont coûté la bagatelle de 180 millions de dinars (93,7 millions d’euros). En pure perte. Et c’est Tunisair, la compagnie nationale déjà lourdement déficitaire, qui a réglé l’intégralité de la facture.
C’est aussi elle qui avait dû régler les deux aéronefs de la présidence ! L’A340 a été "vendu" au chef de l’État tunisien par son homologue français en 2008, dans le cadre du renouvellement de la flotte de Tunisair. La compagnie avait alors commandé 19 appareils : 18 pour ses vols commerciaux et 1 pour le couple présidentiel exclusivement. Aujourd’hui, les deux avions sont en vente.
Tunisair espère récupérer 300 millions de dinars. Mais les acheteurs ne se bousculent pas. Oscar Oscar, "bradé" à 60 millions de dinars, a suscité l’intérêt de la présidence du Burkina Faso, mais l’affaire s’est ébruitée et le deal est tombé à l’eau. En attente à Bordeaux, l’A340 cherche toujours repreneur. Une piste africaine menant à Malabo est évoquée avec insistance. Le gros-porteur aurait tapé dans l’oeil de Teodorín Obiang Nguema, fils et dauphin présumé du président équato-guinéen.
Mais rien n’est encore fait. Dans l’intervalle, les autorités tunisiennes auraient pu utiliser Oscar Oscar pour les déplacements du président provisoire, Moncef Marzouki. Même pas ! Les tarifs proposés par Tunisair, qui facture maintenant l’heure de vol à prix coûtant, ont été jugés prohibitifs. Et la présidence a été contrainte de faire appel à un prestataire moins onéreux, Tunisair Express, filiale de la compagnie nationale.
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SOMMAIRE DU DOSSIER
- Air africa One
- Maroc : Dans les valises de M6…
- Algérie : 312 millions de dollars les 30 heures de vol
- Tunisie : un quadriréacteur pour deux
- Libye : faste, fuite et décadence
- Sénégal : Abdoulaye, Karim et Viviane sont dans un avion…
- Tchad : Idriss Déby Itno et les rodéos
- Côte d’Ivoire : ADO est dans tous les détails
- Cameroun : quand l’Épervier fond sur l’Albatros
- Centrafrique : Bozizé, ses hélicos et son vieux coucou
- Gabon : étonnant voyageur
- Netanyahou attend son Air Force One
- Cercueils volants
- La malédiction de l’A340
- Et ailleurs dans le monde ?
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