RDC : oublié par l’amnistie, Firmin Yangambi saisit la Cour constitutionnelle
Près de quatre ans après la promulgation de la loi d’amnistie, qui a permis la libération d’un de ses co-accusés, Me Firmin Yangambi, ex-candidat déclaré à la présidentielle en RDC, croupit toujours en prison à Makala. Le défenseur des droits de l’homme a saisi lundi la Cour constitutionnelle.
« Manifestement, ma détention qui perdure viole la Constitution de la République et me cause un préjudice énorme », écrit Me Firmin Yangambi à la Cour constitutionnelle. Dans une « requête en inconstitutionnalité » de sa détention dont Jeune Afrique a pu consulter une copie, cet avocat et acteur politique congolais rappelle qu’il a été « poursuivi pour tentative d’organisation d’un mouvement insurrectionnel et détention d’armes de guerre en participation avec deux co-accusés et [ont] tous été condamnés (…), [leurs] pourvois en cassation ayant été jugés non fondés ».
Les faits remontent en 2009. Fin septembre de cette année-là, Me Firmin Yangambi, alors président de l’ONG « Paix sur terre », est arrêté à Kisangani, ville située dans le nord-est de la RDC. Les autorités lui reprochent alors d’avoir « convoyé une cargaison d’armes dans le but de lancer un nouveau mouvement insurrectionnel contre la RDC à partir de Kisangani ». Ce que l’intéressé et ses deux co-accusés, Benjamin Olangi et Eric Kikunda, ont toujours nié.
Firmin Yangambi, « prisonnier de carrière »
Condamné à mort au premier degré puis à 20 ans de prison en appel, Me Firmin Yangambi, qui ne cachait plus ses ambitions présidentielles avant sa détention, a d’abord longtemps espéré une grâce présidentielle. Celle-ci n’est jamais venue.
Puis, « le 11 février 2014, [la] loi portant amnistie pour faits insurrectionnels, faits de guerre et infractions politiques a été promulguée et un co-accusé, y compris d’autres prévenus détenus pour les mêmes faits, ont été libérés courant 2014 en application de ladite loi », explique aux juges constitutionnels celui qui se considère, à bientôt 50 ans, comme un « prisonnier de carrière ».
« Je vous saisis pour obtenir ma libération », poursuit-il en demandant à la Cour de « dire pour droit que [sa] détention est anticonstitutionnelle ». Cet ultime recours en interne de l’oublié de l’amnistié sera-t-il, cette fois-ci, entendu ? En avril 2016, sa lettre ouverte adressée au Togolais Edem Kodjo, alors facilitateur de l’UA pour les pourparlers politiques en RDC, ne lui a pas permis de quitter l’enfer de la prison de Makala, à Kinshasa, où il reste détenu.
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