Anne Thevenet-Abitbol : « Les femmes sont coresponsables du plafond de verre dans l’entreprise »

Dans le but de développer l’accès des femmes aux postes de décision au sein des entreprises, la première édition africaine du programme Eve, coorganisé par Danone et L’Oréal, se tient du 12 au 14 décembre au Radisson Blu de Dakar. Jeune Afrique a rencontré sa cofondatrice.

Anne Thevenet-Abitbol © D.R.

Anne Thevenet-Abitbol © D.R.

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Publié le 13 décembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Si les femmes africaines sont rares dans les postes à hautes responsabilités, la donne pourrait bien changer. Du 12 au 14 décembre se tient au Radisson Blu de Dakar la première édition africaine du programme Eve, coorganisé par Danone et L’Oréal, pour permettre aux femmes d’accéder davantage à ces hauts postes. Jeune Afrique a rencontré Anne Thevenet-Abitbol, directrice prospective et nouveaux concepts chez Danone et directrice éditoriale et artistique de cet événement qu’elle a cofondé en 2010 à Évian, en France, et qui a essaimé en Asie en 2014. Cette édition, principalement composée de débats et d’ateliers, se poursuit également « tout au long de l’année via les réseaux sociaux et un web-magazine auquel collaborent à titre bénévole 90 influenceuses du monde entier », précise Valérie Hernandez-Amalou, responsable leadership et communication du programme.

Jeune Afrique : Le premier programme Eve Afrique a ouvert ses portes hier à Dakar. Que s’y passe-t-il ?

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Anne Thevenet-Abitbol : Il s’agit d’un programme de transformation, de leadership, qui s’adresse tant aux hommes qu’aux femmes, et qui doit permettre à ces dernières de progresser en entreprise. Nous avons réalisé que les femmes sont en partie responsable du « plafond de verre », dont on parle si souvent. En effet, elles ont beaucoup moins tendance que les hommes à se considérer comme légitimes pour prétendre à un poste : un homme pense qu’il doit avoir 50 % des compétences requises. Une femme, elle, va en vouloir 80 % pour postuler.

L’événement est donc partagé entre séances plénières, pour partager des informations et des expériences, et des ateliers pour apprendre la négociation, apprendre à oser agir….

Quel est votre public ?

Nous avons 155 participants de 25 pays africains, envoyés majoritairement par les entreprises organisatrices, Danone et L’Oréal, et nos sponsors, BNP Paribas, Ecobank et Orange. Il y a aussi de plus petits contingents d’autres entreprises et quelques participations individuelles. Nous avons demandé aux entreprises intéressées un quota de 20 % d’hommes, et avons souhaité accueillir un tiers de directeurs généraux, un tiers de cadres supérieurs et un tiers de jeunes talents.

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Quelles sont les spécificités de cette édition africaine, après les premiers volets européens et asiatiques ?

En Afrique, les femmes savent faire entendre leurs voix, mais finalement, dans une organisation professionnelle, c’est comme partout : elles représentent 50 % des effectifs en bas de la pyramide, et se font plus rares au fur et à mesure qu’on monte dans la hiérarchie.

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Nous nous rendons compte que le message que nous portons est universel. Par contre, nous avons souhaité que pour cette session, nos intervenants viennent tous d’Afrique.

Cette initiative est-elle vouée à se renouveler en Afrique ?

Oui, au vu du succès que rencontre cette première édition, nous allons la pérenniser. Nous l’organiserons sans doute une seconde fois au Sénégal, avant de tourner dans différents pays du continent.

Beaucoup de programmes visent la scolarisation des jeunes filles. Quels autres efforts doivent aujourd’hui être faits ?

Notre programme est différent en ce qu’il concerne un temps précis de la vie des femmes, celui où elles sont en poste dans une entreprise. Il y a d’autres initiatives intéressantes, par exemple celle de l’institution WeThinkCode, à Johannesburg, dont Kirsty Selesho, une étudiante devenue l’une des meilleures femmes développeurs de jeux vidéo au monde, est venue nous parler.

5 % des directeurs généraux africains sont des femmes

Selon l’analyse dédiée à l’Afrique publiée en août 2016 par le cabinet McKinsey dans le cadre de sa série d’études Women Matter, le continent comptait 5 % de femmes aux postes de direction générale des entreprises, leur proportion étant de 29 % chez les cadres supérieurs. 36 % des promotions en entreprise concernent des femmes.

C’est mieux qu’en Asie (4 % et 10 %) et qu’en Amérique latine (2 % et 6 %). L’Europe (3 % et 18 %) fait mieux pour les conseils d’administration mais moins bien pour les directrices exécutives, et les États-Unis (5 % et 17 %) sont devant.

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