Cameroun – Avion présidentiel : la frayeur de Paul Biya

Indispensable attribut du pouvoir ou plaisir dispendieux, l’avion présidentiel est un objet mythique. De Bouteflika à Biya en passant par Déby Itno, les dirigeants africains ne s’en privent pas plus que les autres.

Paul Biya ne veut plus prendre l’Albatros. © Laurent Blachier pour J.A.

Paul Biya ne veut plus prendre l’Albatros. © Laurent Blachier pour J.A.

GEORGES-DOUGUELI_2024

Publié le 3 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

Une frayeur présidentielle en avion peut avoir des conséquences inattendues. Le 24 avril 2004, une avarie de l’appareil officiel du chef de l’État – L’Albatros – déclenche une affaire qui aboutira à l’emprisonnement de plusieurs hauts fonctionnaires, dont Jean-Marie Atangana Mebara et Marafa Hamidou Yaya, deux anciens secrétaires généraux de la présidence (SGPR), Jérôme Mendouga, ex-ambassadeur aux États-Unis, et Yves-Michel Fotso, ancien directeur général de Cameroon Airlines

Mais qu’est-ce qui a poussé le commandant de bord Benoît Betam à informer Paul Biya que les volets des ailes du tout nouveau Boeing 767-216/ER ne rentraient pas ? S’il n’avait rien dit, le président n’en aurait peut-être rien su, d’autant que l’incident a été résolu quelques minutes plus tard. Loué à Boeing pour pallier le retard de la livraison du 737 Business Jet en fabrication dans les ateliers américains, L’Albatros est vite qualifié de "cercueil volant" – à tort, puisqu’il vole toujours aujourd’hui, sous un autre pavillon.

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Peu importe, le chef de l’État n’en veut plus. Par malheur, Boeing refuse de livrer l’appareil commandé, l’avance débloquée par l’État ne lui étant pas entièrement parvenue. L’opération anticorruption Épervier s’abat alors sur les responsables soupçonnés de détournement. Eux-mêmes sont convaincus que leur malheur vient de ce qu’ils sont soupçonnés d’avoir délibérément mis en danger la vie du président et de sa famille.

Ce qui "ne figure pas dans l’acte d’accusation qui [lui ] a été notifié le 6 août 2008, écrit Jean-Marie Atangana Mebara, l’ancien SGPR. [Accusation] pourtant implicite dans le rapport de la police judiciaire adressé au procureur". Pour l’instant, Paul Biya ne dispose que d’un Grumman, qu’il utilise peu. Pour les voyages intercontinentaux, la présidence affrète un long-courrier. En visite officielle au Brésil en 2010, il a effectué un vol direct en Boeing 777 spécial. Pendant son séjour, il a découvert les ateliers d’Embraer. L’avionneur brésilien en a profité pour lui proposer son E190.

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