Attentats au Kenya : Shebab or not Shebab ?

Les terroristes somaliens ont revendiqué les attaques du 15 juin qui ont ensanglanté l’est du pays. Mais pour le président Uhuru Kenyatta, ces violences sont le fait de « réseaux politiques locaux ».

Le 15 juin, à Mpeketoni, un attentat a fait une cinquantaine de morts. © AP/SIPA

Le 15 juin, à Mpeketoni, un attentat a fait une cinquantaine de morts. © AP/SIPA

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 30 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

La déclaration a pris de court bien des observateurs. "Il ne s’agissait pas d’une attaque Shebab. Des preuves montrent que des réseaux politiques locaux étaient impliqués dans la préparation et l’exécution de ce crime haineux", a affirmé Uhuru Kenyatta, le président kényan, après les attentats qui ont tué près de 70 personnes dans les villes côtières de Mpeketoni et Poromoko, non loin de l’archipel touristique de Lamu.

Les premiers surpris ont sans doute été les Shebab eux-mêmes et leur porte-parole, Abdulaziz Abu Musab, qui avaient auparavant revendiqué les meurtres, désormais fréquents dans ce pays militairement impliqué en Somalie au sein de l’Amisom, la mission de l’Union africaine.

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En qualifiant ces attaques de "violences ethniques aux motivations politiques" dont l’objectif serait d’"expulser une communauté kényane", Kenyatta visait à mots à peine couverts son rival politique, Raila Odinga, leader de la Coalition pour les réformes et la démocratie, de retour au pays depuis le mois de mai après un long séjour aux États-Unis.

L’idée, qui fait florès sur les réseaux sociaux, est la suivante : à travers les rassemblements qu’il souhaite organiser sur tout le territoire pour évoquer des problèmes de sécurité, de terrorisme, de chômage ou de corruption, Odinga chercherait à déstabiliser le pouvoir. En visant tout particulièrement la communauté kikuyue, dont le président est membre.

Certains pays déconseillent à leurs ressortissants de se rendre en vacances au Kenya

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Sans doute ce dernier essaie-t-il pour sa part de détourner l’attention de son bilan, particulièrement maigre sur le plan sécuritaire. Tandis que son procès pour crimes contre l’humanité doit se tenir en octobre à la Cour pénale internationale (CPI), Kenyatta cherche des boucs émissaires. L’Occident serait ainsi coupable de la chute dramatique des revenus touristiques, puisque certains pays – notamment le Royaume-Uni – déconseillent à leurs ressortissants de se rendre en vacances au Kenya…

Odinga, perdant de l’élection présidentielle de 2013, a pour sa part condamné les raids meurtriers et déclaré que la violence n’était pas un moyen "pour atteindre des objectifs politiques légitimes". Aucune preuve à ce jour n’est venue confirmer les propos du chef de l’État, démentis par les survivants, qui déclarent avoir vu les assaillants brandir le drapeau noir des Shebab et les avoir entendus se revendiquer comme tels en langue somali.

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