Terrorisme : le plan com du petit jihadiste

Rapport annuel d’activité, comptes Twitter et Facebook… L’État islamique en Irak et au Levant maîtrise tous les outils du parfait communicant. Sinistre.

Shakir Wahiyib est l’un des rares membres de l’EIIL à montrer son visage. © AFP

Shakir Wahiyib est l’un des rares membres de l’EIIL à montrer son visage. © AFP

Publié le 30 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

Il recense minutieusement chacune de ses opérations militaires, établit des statistiques, dresse des bilans d’activité, communique comme une ONG. À l’instar d’une entreprise cotée en Bourse, l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL, créé en 2007, lire pp. 54-56) publie même un rapport annuel au design soigné, "Al-Naba".

Au fil de ses 400 pages, on découvre une structure organisée de main de maître, qui recense ses conquêtes par régions et évalue l’efficacité de ses combattants. Le commandement de l’EIIL tient même sa comptabilité macabre, à grand renfort d’infographies détaillées.

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Ainsi à Bagdad, les attentats-suicides (251 en 2013) – le plus souvent commis par des combattants étrangers – ont supplanté les explosions de voitures piégées, plus complexes à préparer. Entre novembre 2012 et novembre 2013, l’EIIL revendique 1 223 attaques (avec des engins explosifs artisanaux, en majorité), dont plus d’un tiers dans la province de Ninive.

Entourée de champs pétroliers, sa capitale, Mossoul, seconde ville d’Irak, est tombée le 10 juin sur fond de crise politique aggravée par un mécontentement des tribus sunnites. Le document dévoile un plan conçu de longue date pour instaurer un califat entre l’Irak et la Syrie, destiné à s’étendre ensuite au monde entier.

"Le mode de fonctionnement de l’EIIL rappelle celui de la secte des Assassins [qui sévit aux XIe et XIIe siècles], souligne Karim Pakzad, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). C’est une nouvelle génération de terroristes, encore plus sophistiquée et brutale qu’Al-Qaïda, qui érige la lutte contre les chiites en priorité et se montre plus habile dans sa communication numérique pour enrôler de jeunes Occidentaux désoeuvrés."

Mis en ligne le 31 mars par la Fondation Al-Itissam, le rapport s’est propagé sur les forums jihadistes. L’EIIL dispose d’une cellule médiatique, Al-Furqan Media, qui inonde le web de vidéos de ses opérations, parfois mises en scène de manière hollywoodienne, et d’éloges de ses "martyrs".

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Depuis novembre 2013, un plan de communication globale a été déployé sur Twitter. Le terrorisme de l’EIIL se veut multimédia, et au "Levant" comme ailleurs, tous les moyens sont bons pour semer la terreur.

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