Afrique du Sud – Nelson Mandela : quand Zelda La Grange rend justice à Graça Machel

Dans le livre de souvenirs de Zelda La Grange, qui fut l’assistante de Mandela pendant près de vingt ans, la seconde épouse de Madiba apparaît à son avantage.

Graça Machel, la veuve de Nelson Mandela : digne face à l’adversité. © Manu Fernandez/AP/sipa

Graça Machel, la veuve de Nelson Mandela : digne face à l’adversité. © Manu Fernandez/AP/sipa

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 7 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Un visage raviné, décomposé par le chagrin et l’épuisement après des semaines de veille… Le désespoir de Graça Machel lors des obsèques de Nelson Mandela avait bouleversé l’Afrique du Sud. Et pourtant, d’après Zelda La Grange, qui fut l’assistante personnelle de Madiba, certains enfants du défunt n’ont eu, en coulisse, aucune pitié pour sa veuve – 68 ans aujourd’hui.

Dans Good Morning, Mr Mandela (traduit en français aux éditions Kero), récit de près de vingt années passées au service de l’ancien président sud-africain, La Grange rapporte les moqueries de Makaziwe, la fille aînée de Mandela, qui affubla Graça du sobriquet de "Madame Panique" après que la presse nationale eut décrit son état de stress lors du transfert de son époux à la clinique, en juin 2013.

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Lors de l’hommage mondial rendu au défunt le 10 décembre dans le grand stade de Soweto, Machel dut même demander une accréditation auprès des organisateurs des funérailles – au premier rang desquels Makaziwe – au même titre que n’importe quel invité. Et seulement quatre places furent attribuées à ses proches. Une version contestée par Makaziwe, qui menace La Grange de poursuites judiciaires.

Selon l’auteure – qui garde une certaine amertume d’avoir été chassée de la demeure familiale de Qunu par Makaziwe pendant les funérailles -, les frictions entre Graça et le clan Mandela ne datent pas d’hier. "Quand je vis le regard que Mme Machel et Mme Winnie Mandela échangèrent lorsqu’elles se croisèrent dans la foule qui assistait à la cérémonie [d’investiture du président Thabo Mbeki, en 1999], j’en eus littéralement froid dans le dos, raconte La Grange. Voilà deux femmes que je n’aurais pas imaginées partageant ne serait-ce qu’un petit déjeuner".

Graça, magnanime envers sa nouvelle famille

Fin 2008, alors que Nelson Mandela est en villégiature avec son épouse dans la réserve privée de Shambala, à 250 km de Johannesburg, et qu’il ne se sent pas bien, Makaziwe prend la décision unilatérale de le faire rapatrier d’urgence, laissant Machel en plan, sans moyen de transport.

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En avril 2013, c’est en profitant de l’absence de Graça – et sans l’informer – que les dirigeants sud-africains s’invitent chez Mandela pour se faire photographier et filmer à ses côtés lors d’une séance restée tristement célèbre. Mais la veuve de Madiba est habituée aux épreuves. Membre du Front de libération du Mozambique dans les années 1970, puis ministre après la victoire du mouvement rebelle, elle perdit son premier époux, le président mozambicain Samora Machel, dans un crash aérien survenu en Afrique du Sud en 1986 – dont elle reste convaincue qu’il s’agissait d’un attentat fomenté par le régime de l’apartheid.

Après sa rencontre avec Mandela puis leur mariage en 1998, elle s’était pourtant montrée magnanime envers sa nouvelle famille. "Curieusement, c’est Mme Machel qui m’amena à apprécier le fait que, sans Winnie Mandela, Madiba aurait peut-être perdu espoir au cours de ces longues années passées derrière les barreaux", écrit Zelda La Grange.

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Malgré leurs emplois du temps très chargés, Graça parvint à lui rendre sa joie de vivre après sa rupture d’avec Winnie. Lorsqu’ils étaient séparés par leurs obligations, Madiba appelait son épouse matin et soir, raconte La Grange. En dépit de toutes les couleuvres qu’elle a dû avaler, "Mum", comme l’appelait Mandela, n’a jamais exprimé la moindre rancoeur en public.

Pendant les six mois de deuil, qui viennent de se terminer, elle n’est sortie qu’une fois de sa réserve : pour appeler la communauté internationale à tout faire pour retrouver les jeunes Nigérianes enlevées par Boko Haram. Un geste que Nelson Mandela aurait, à coup sûr, approuvé.

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