L’œil de Glez : le duel Weah-Boakai au Liberia, carton plein ou carton rouge ?
Après un retard inquiétant, le second tour de l’élection présidentielle libérienne confirmera-t-il la maturité démocratique du pays d’Ellen Johnson Sirleaf ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 15 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.
Sur le continent africain, du Gabon au Kenya en passant par la RDC, les élections présidentielles apaisées foisonnent moins qu’on ne l’aurait souhaité au XXIe siècle. La première nation d’Afrique à avoir obtenu son indépendance rassurera-t-elle de ce point de vue ? C’est le 26 décembre que les Libériens sont appelés aux urnes pour un deuxième tour qui commençait à ressembler à une arlésienne.
Si l’inquiétude est de mise, après le règne pourtant stable de la première femme présidente du continent, c’est que le premier tour du scrutin avait conduit à un imbroglio juridico-électoral qui avait lui-même abouti au report sine die, par la Cour suprême, de l’ultime face à face prévu initialement le 7 novembre…
À l’issue du premier tour du 10 octobre, plusieurs candidats avaient demandé à la Commission électorale nationale du Liberia (NEC) une annulation du scrutin, avant de se tourner vers la Cour suprême. Ils dénonçaient « des fraudes massives et des irrégularités flagrantes ». La Cour avait enjoint la NEC de statuer sur la plainte du candidat Charles Brumskine, arrivé troisième. Même si elles avaient reconnu quelques erreurs matérielles non déterminantes, ni la NEC ni la Cour n’avaient finalement admis des « preuves irréfutables » que le vote avait été entaché de fraudes.
Ne pas mettre en péril les acquis de la paix
C’est donc sous une certaine fébrilité que se tiendra le deuxième tour, le 26 décembre prochain. Il opposera le vice-président sortant, Joseph Boakai, à l’ancienne star du football George Weah, candidats malheureux, par le passé, à la présidence et à la vice-présidence. L’ex-joueur de Monaco et du Paris Saint-Germain, Ballon d’or 1995, est arrivé en tête du premier tour de scrutin avec 38,4 % des suffrages exprimés. Joseph Boakai n’avait été crédité que de 28,8 % des voix.
Si les mandats d’Ellen Johnson Sirleaf ont installé une stabilité certaine, les observateurs internationaux n’oublient pas que l’élection actuelle conduira à la première transition démocratique depuis de très longues années, dans un pays qui fut secoué pas de rares violences, entre 1989 et 2003. Après une guerre civile qui aura fait quelque 250 000 morts, il convient de ne pas laisser des problèmes d’organisation, des retards ou des chamailleries politiciennes mettre en péril les acquis de la paix. Chacun compte sur l’esprit de Noël pour bien inspirer les Libériens…
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