Mozambique : le port de Nacala carbure au charbon
Boosté par l’activité du minier Vale, le port veut aussi servir de point d’entrée vers le Malawi, l’est de la Zambie et le Katanga congolais.
Ces futurs ports qui changeront la donne
Deux quais, des allées de fortune entre des piles de conteneurs, des grues manuelles et des gerbeurs qui déplacent les marchandises : le port de Nacala, porte d’entrée sur le nord du Mozambique, reste de taille modeste. Le minuscule centre-ville a des airs de Far West. Les autorités portuaires et les compagnies maritimes se succèdent dans des bureaux défraîchis. Difficile de ressentir le boom économique qui se dessine depuis plusieurs années dans cette région d’Afrique australe.
« En 2014, le trafic était de 2 millions de tonnes et concernait presque 95 000 conteneurs », avance avec fierté Loni Shott, de Portos do Norte, la compagnie 100 % mozambicaine qui détient la concession pour l’exploitation des infrastructures portuaires depuis 2013.
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Un trafic modeste, qui contraste avec les 80 millions de tonnes annuelles de Durban. Mais c’est oublier la position stratégique de Nacala, et les plans des autorités visant à le rendre capable de rivaliser avec les pays voisins. brésilien. Car de l’autre côté de la baie, qui compte parmi les plus profondes de la côte est-africaine, le géant minier Vale est sur le point d’achever son terminal d’exportation de charbon.
Relié par le chemin de fer aux mines de Moatize, dans l’ouest du Mozambique, à plus de 900 km de Nacala, ce terminal devrait voir transiter 18 millions de tonnes de charbon par an d’ici à 2017. Un investissement de 4,4 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros) supporté à 80 % par Vale et qui devrait permettre au brésilien de quadrupler ses exportations, débloquant du même coup le principal frein logistique à l’exploitation minière qui lui faisait défaut jusque-là.
Mais le port est loin de se consacrer seulement au transport du charbon. Depuis 2007, Nacala est la première zone économique spéciale du Mozambique, offrant sur 1 500 km2 des incitations fiscales aux industries qui s’y installent. En 2013, 77 entreprises s’y étaient implantées, principalement dans l’agro-industrie, pour un investissement global dépassant 1,6 milliard de dollars. En mars, le gouvernement lançait des travaux de réhabilitation et de modernisation du port de commerce, sur une durée de cinq ans avec une enveloppe avoisinant les 330 millions de dollars.
L’avantage de Nacala : sa baie compte parmiles plus profondes de la côte est-africaine.
« Nous allons renforcer les quais vraquiers et les quais à conteneurs afin d’installer des grues-portiques sur pneus », vante Loni Shott. L’objectif : automatiser et axer l’activité sur le transport des conteneurs, afin d’en quintupler le volume. En attendant la fin des travaux, la mise en route début 2015 de l’aéroport international de Nacala devrait doper le développement du port.
Jusqu’à présent, les négociants doivent atterrir à Nampula, la ville la plus importante du nord du pays, située à 200 km. « Notre principal concurrent est Dar es-Salaam », explique Loni Shott, démontrant la situation privilégiée de Nacala vis-à-vis du Malawi, de l’est de la Zambie et de sa Copperbelt, mais aussi du Katanga. Des régions incluses dans le projet de corridor du nord, qui couple un réseau ferré interrégional au port de Nacala. « Pour l’instant, 85 % du fret concernent le Mozambique. Notre plus grand potentiel de croissance se situe donc au niveau des pays voisins », conclut-elle.
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