Chine : la folie « gaokao »
C’est sans doute le plus grand examen du monde : plus de 9 millions de candidats jouant leur avenir sur un coup de dés. Cette année encore, les 7 et 8 juin, il a donné lieu à d’incroyables scènes d’hystérie.
La fin des épreuves a donné lieu à des scènes d’hystérie. À l’issue de deux jours d’examen – et de beaucoup de nuits blanches préalables -, des étudiants en transe ont jeté au loin leurs cahiers et leurs stylos. Le gaokao ("grand concours", en mandarin), c’est un super-baccalauréat chinois.
Bien plus qu’un passage obligé vers les études supérieures, une épreuve quasi initiatique. Car les places dans les universités sont chères. Sur les 9,4 millions de candidats enregistrés cette année, plus de 2 millions seront en effet recalés. Les autres jouent leur avenir sur un coup de dés. Des notes simplement moyennes ? C’est un aller simple assuré pour une université de seconde zone. Et une vie de galères en perspective.
Wang Li se souviendra longtemps de l’enfer que fut pour lui la préparation de l’examen : "Ma mère était aux petits soins pour moi, nous raconte-t-il. Elle me gavait de vitamines et de ginseng, et, surtout, interdisait à quiconque de me déranger. Du coup, je ne suis pas sorti de chez moi pendant des semaines, je sentais une pression énorme sur mes épaules." Pour tenir le choc, certains n’hésitent pas à s’injecter du glucose en intraveineuse. On frôle le dopage !
Interdiction formelle de klaxonner
L’organisation des épreuves, qui ont lieu simultanément dans l’ensemble du pays, deux jours durant – en l’occurrence les 7 et 8 juin -, est un vrai casse-tête logistique. Pour que les candidats puissent plancher dans un silence religieux, les routes situées à proximité des centres d’examen sont fermées, et les automobilistes circulant dans le secteur ont interdiction formelle de klaxonner.
Quant aux hôtels, ils sont pris d’assaut par les familles désireuses d’épargner à leur progéniture des déplacements fatigants et d’éliminer les retards. Cette année, la police a même été mobilisée pour prévenir tout risque d’attentat. Les enseignants eux-mêmes sont soumis à rude épreuve puisqu’ils sont notés en fonction du nombre de leurs élèves admis. Il n’est pas si rare qu’un candidat craque sous la pression et se suicide.
C’est en 1977 que l’examen a pris sa forme actuelle, après dix ans d’interruption pour cause de Révolution culturelle. À l’époque, les sujets de dissertation étaient on ne peut plus édifiants. Du genre : "Pensées pour notre Premier ministre" ; ou "Souvenirs du professeur que j’ai le plus respecté". Les choses ont un peu évolué. Cette année, les candidats ont été invités à plancher sur l’origine des tensions dans la société. Et sur le manque d’"harmonie" – notion très importante dans la pensée chinoise traditionnelle – qui la caractérise aujourd’hui.
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