Afrique du Sud : l’ANC reprend le vote pour élire le successeur de Zuma

Le vote, qui devait être reporté à lundi, a finalement repris dimanche. Le résultat s’annonce serré entre le vice-président Cyril Ramaphosa et Nkosazana Dlamini Zuma.

L’ancien président sud-africain Jacob Zuma (à droite) en compagnie de Cyril Ramaphosa (à gauche) au Parlement à Cape Town, le 11 février 2016. © Mike Hutchings/AP/SIPA

L’ancien président sud-africain Jacob Zuma (à droite) en compagnie de Cyril Ramaphosa (à gauche) au Parlement à Cape Town, le 11 février 2016. © Mike Hutchings/AP/SIPA

Publié le 18 décembre 2017 Lecture : 4 minutes.

La succession de Jacob Zuma, l’actuel président sud-africain, à la tête du parti majoritaire, l’ANC est le théâtre de combats internes. © Themba Hadebe/AP/SIPA
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Afrique du Sud : guerre de succession à la tête de l’ANC

Parmi les sept candidats à la succession de Jacob Zuma à la tête de l’ANC, deux favoris : Nkosazana Dlamini-Zuma et Cyril Ramaphosa. La conférence du parti, qui se tient du 16 au 20 décembre, sera le théâtre de leurs règlements de comptes.

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Qui succédera à Jacob Zuma à la tête du Congrès national africain (ANC), parti de l’emblématique Nelson Mandela. Très contesté, l’actuel président sud-africain et chef du parti a ouvert samedi un congrès crucial pour l’avenir de l’ANC, au pouvoir depuis 1994 mais en grande difficulté depuis plusieurs mois.
Ce rassemblement vient conclure une campagne âpre et serrée qui oppose l’actuel vice-président Cyril Ramaphosa, soutenue par l’aile modérée de l’ANC, à la candidate soutenue par le chef de l’État sud-africain Jacob Zuma, son ex-épouse et ancienne patronne de l’Union africaine (UA) Nkosazana Dlamini Zuma.
Vote serré
Initialement prévu dimanche soir, puis retardé à lundi, le vote des milliers de délégués à huis clos a finalement repris dimanche en soirée. « Nos excuses… La décision (de reporter à lundi) a été annulée et le vote va avoir lieu maintenant », a indiqué l’ANC dans un communiqué tard dans la soirée, sans fournir d’explication sur cette valse-hésitation.
Des tergiversations en pleine conférence qui illustre l’état actuel du parti. Depuis l’ouverture du congrès samedi, les délégués de l’ANC se sont opposés sur les modalités de la procédure électorale, illustration des fractures qui déchirent depuis des mois le mouvement de Nelson Mandela.
Ce n’est qu’en fin de journée dimanche qu’ils sont parvenus, après de longues tractations, à se mettre d’accord sur une liste révisée de 4.776 votants, contre plus de 5.200 initialement prévus.
Le décompte actualisé des nominations par les différentes sections et branches provinciales du parti, publié dimanche, a donné une longueur d’avance à M. Ramaphosa sur sa rivale, avec un total de 1 469 membres contre 1 094.
Mais ce rapport de force peut être facilement inversé, puisque les délégués ne sont liés par aucune consigne de vote.
« Ca va être très serré et les bulletins vont être comptés et recomptés », a pronostiqué l’analyste Susan Booysen, observatrice assidue des conférences de l’ANC. Quelle que soit l’issue du vote, le vainqueur de ce duel à de bonnes chances de devenir le prochain président du pays en 2019, à la fin du deuxième quinquennat de Jacob Zuma.
Soutiens de poids pour Ramaphosa
Mais, ainsi que l’a reconnu lui-même samedi le chef de l’État en ouvrant la réunion, le parti de l’icône Nelson Mandela a vu son étoile sérieusement pâlir depuis sa large victoire lors premières élections libres de l’histoire du pays.
« Notre échec à régler les problèmes a commencé à peser sur notre mouvement », a concédé le président sud-africain dans son discours d’adieu de chef du parti, citant « la corruption, la criminalité et l’emploi ».
Affaibli par la crise économique et les accusations de corruption qui visent Jacob Zuma, l’ANC a subi un sérieux revers aux élections locales de 2016 en cédant à l’opposition le contrôle de villes de premier plan comme Johannesburg et Pretoria.
Jacob Zuma doit faire face à une forte opposition dans la rue ainsi que plusieurs motions de défiance au Parlement. De nombreux analystes prédisent déjà à l’ANC une défaite historique et la perte de sa majorité absolue aux élections générales de 2019.
« Notre peuple est frustré quand nous perdons du temps à nous quereller entre nous plutôt que de résoudre les défis quotidiens auxquels il est confronté », a-t-il déploré samedi.
Conscient des fractures qui minent son mouvement, le chef de l’État a appelé samedi les candidats à l’unité du parti. « Ils ont accepté de respecter les résultats », a-t-il insisté, « je veux que chacun d’eux garde bien ça en tête ».
La rivalité entre les camps des deux favoris semble pourtant à son comble et menace de faire éclater l’ANC. Soutenu par l’aile modérée du parti, très apprécié des marchés, Cyril Ramaphosa, 65 ans, a promis de relancer l’économie et a violemment dénoncé la corruption du clan Zuma.
Un argument qui lui vaut le soutien de plusieurs délégués. « Nous défendons Cyril pour qu’il nettoie l’ANC (…) et le pays de la corruption et pour qu’il travaille pour les plus pauvres », a résumé Natalie Gillion, soutien du vice-président à l’ANC.
Cyril Ramaphosa a également enregistré un soutien de poids samedi, celui de la présidente du Parlement Baleka Mbete.
Nkosazana Dlamini Zuma, dans la lignée du président
Face à lui, Nkosazana Dlamini Zuma, 68 ans. L’ancienne patronne de l’Union africaine (UA) a repris le discours de son ex-époux, sur la redistribution des richesses au profit de la majorité noire, dont une large partie continue à vivre dans la pauvreté un quart de siècle après la chute de l’apartheid.
« Nous soutenons la camarade Nkosazana Zuma parce que je trouve qu’elle défend, qu’elle parle beaucoup de la transformation radicale de l’économie », a déclaré le chef de la Ligue des jeunes de l’ANC, Collen Maine.
Ses adversaires reprochent à Nkosazana Dlamini Zuma de n’être qu’une marionnette de son « ex » et de lui avoir promis l’immunité judiciaire pour les scandales dans lesquels il est impliqué.
« Nous sommes très impatients de voter, de voter pour Cyril Ramaphosa », a confié un délégué de la province du Mpumalanga (nord) qui a préféré taire son nom.
« Si Ramaphosa gagne, je ne le soutiendrai pas. Dlamini Zuma est la meilleure », a rétorqué une de ses collègues du KwaZulu Natal (est), Luthuli Pearl. « Tout ce qu’on peut lui reprocher, c’est
d’avoir été la femme de Zuma ». Preuve que les divisions au sein de l’ANC sont profondes et qu’une issue sereine au vote de dimanche est loin d’être garantie.
Une issue attendue avec impatience également par les marchés financiers, qui s’inquiètent depuis des mois des « incertitudes politiques » qui pèsent sur l’économie fragile de la première puissance industrielle du continent africain.

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