Tunisie : la crise au sein d’Afek Tounes affecte la cohérence gouvernementale

Le parti de Yassine Brahim a annoncé samedi son retrait du gouvernement et de l’accord de Carthage. Une décision qui ne fait pas l’unanimité parmi les cadres dirigeants du parti.

Yassine Brahim, ministre du Développement et patron d’Afek Tounes. © Vincent Fournier pour J.A.

Yassine Brahim, ministre du Développement et patron d’Afek Tounes. © Vincent Fournier pour J.A.

Publié le 18 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Au cinquième rang des partis  lors des législatives de 2014, Afek Tounes, fondé en 2011, n’en est pas à ses premières divergences internes. Mais celles qui le traversent actuellement fait l’effet d’une tempête. En cause, son désaccord sur la loi de Finances 2018 adoptée par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) le 10 décembre. Le parti, représenté au gouvernement et signataire de l’accord de Carthage – feuille de route de l’exécutif – a officiellement annoncé son retrait de cet accord et du gouvernement d’union nationale, samedi 16 décembre lors d’un Conseil national extraordinaire.

Un ministre « gèle » son adhésion

Cette décision n’a pas fait l’unanimité parmi les dirigeants du parti qui compte huit élus ainsi que deux ministres et deux secrétaires d’État au gouvernement. Résultat, les députés Hager Ben Cheikh Ahmed et Anouar Laadhar, le ministre Riadh Mouakher et l’ex-secrétaire d’État Faten Kallel, ont gelé leur adhésion et remis en question le leadership du parti.

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Ils ont été rejoints, par d’autres figures de la formation de tendance libérale dont Samira Meraï, vice-présidente du parti et ancienne ministre de la Santé, Faouzi Abderrahmen, vice-président du parti et ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, Hichem Ben Ahmed, membre du bureau exécutif et secrétaire d’État au Commerce international et l’édile, Hafedh Zouari.

Tous ont dénoncé, dans un communiqué, les « prises de décisions quasi-unilatérales » de la présidence du parti.

Yassine Brahim en question

Les dissidents relèvent les pressions exercées par le président du parti, Yassine Brahim, et lui font porter « l’entière responsabilité de la décision de quitter le gouvernement ainsi que ses conséquences sur la division du parti et sur la situation politique ainsi que le déni du document de Carthage ». Ils relèvent également des infractions au règlement intérieur du parti dans le processus de décision.

Depuis quelques semaines, Yassine Brahim fait cavalier seul, lui reprochent ses collègues. Il dénonce la main mise d’Ennahda sur le pouvoir à travers la stratégie du consensus avec Nidaa Tounes, premier parti ayant remporté les législatives.

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Pourtant, en 2016, il conditionnait la participation d’Afek Tounes au gouvernement à la présence des islamistes au sein de l’exécutif. Il dérange. Sa volonté de retirer le soutien de son parti au gouvernement d’union nationale a été jugée comme la réaction de trop.

Conséquences sur le gouvernement 

Le Premier ministre tunisien Youssef Chahed lors d'une conférence de presse à Tunis, en avril 2017. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Le Premier ministre tunisien Youssef Chahed lors d'une conférence de presse à Tunis, en avril 2017. © Hassene Dridi/AP/SIPA

La sortie d’Afek Tounes renforce la nouvelle troïka et affaiblit Chahed

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La crise d’Afek Tounes prend de plein fouet l’exécutif, dirigé par Youssef Chahed. « La sortie d’Afek Tounes renforce la nouvelle troïka – Ennahda, Nidaa Tounes et l’Union Patriotique Libre (UPL)- et affaiblit Chahed. Si Yassine Brahim voulait mettre en danger l’exécutif, il ne pouvait mieux s’y prendre », remarque Anouar Zmerli, un ancien membre de Afek Tounes.

De fait, Chahed perd un soutien et risque de devoir envisager un remaniement si les ministres et secrétaires d’État, représentant Afek Tounes, ne se désolidarisent pas de leur parti ; dans cette perspective, il devra aussi intégrer des ministres issus de l’UPL, formation à qui on reproche un manque de bons profils.

Pour le moment, ce n’est pas le cas, mais les risques sont là. Début décembre, le parti Al Joumhouri avait adopté la même position et perdu l’adhésion de Iyed Dahmani, ministre chargé des relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement.

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