Cedeao : Jean-Claude Brou, un discret technocrate à la tête de la commission
L’actuel ministre de l’Industrie et des Mines de Côte d’Ivoire prendra la succession de Marcel de Souza le 1er mars prochain. Il a été nommé à la tête de l’organe exécutif de l’organisation sous-régionale samedi 16 décembre, lors du sommet d’Abuja.
Jean-Claude Brou n’a pas failli à sa réputation d’homme discret. À Abidjan, sa nomination à la tête de la commission de la Cedeao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) était restée le secret d’un petit cercle. Son annonce, samedi 16 décembre, a ainsi surpris.
Ministre de l’Industrie depuis 2012 – un portefeuille auquel a été ajouté celui des Mines en 2013 –, membre du parti démocratique de Côte d’Ivoire, cet économiste de 64 ans, formé à Abidjan puis à Cincinnati, aux Etats-Unis, est un fin connaisseur des grandes institutions internationales. Dès 1982, il intègre ainsi le Fonds monétaire international (FMI), avant de devenir, huit ans plus tard, son représentant permanent au Sénégal. Un profil qui le rapproche d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) et de Daniel Kablan Duncan. C’est ainsi auprès de ces deux hommes, dont il est proche, qu’il a construit toute sa carrière politique.
Fin connaisseur des institutions internationales
En 1991, pour la première fois, il pénètre dans les arcanes du pouvoir. ADO, premier ministre depuis plusieurs mois, en fait son conseiller économique et financier. Une fonction qu’il conservera après la mort d’Houphouët-Boigny, sous la présidence d’Henri Konan Bédié. Le premier ministre est alors Daniel Kablan Duncan, qui, à partir de 1996, en fait son directeur de cabinet.
Tous se retrouvent une fois ADO président. Celui-ci offre à Jean-Claude Brou le maroquin de l’Industrie et des Mines, un poste ministériel sensible. Selon plusieurs sources, ces derniers temps, les lobbys miniers se plaignaient d’ailleurs de ce ministre qu’ils n’estimaient pas assez conciliant. Sa nomination à la commission de la Cedeao permet ainsi de mettre fins aux tensions.
Dossiers sensibles
Depuis Abuja, où se trouve le siège de l’organisation sous-régionale, plusieurs dossiers sensibles l’attendent, dont celui de la monnaie commune que cet homme, passé par la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (2000-2008) et la Banque mondiale (2010-2013), connaît bien. Mais sur des sujets comme l’intégration du Maroc à la Cedeao, ce technocrate va aussi devoir développer son sens politique. Cadre du PDCI, il n’a ainsi jamais été élu, même si son nom a un temps été évoqué pour briguer le poste de député de la circonscription d’Aboisso (Sud-Est), d’où il est originaire.
Jean-Claude Brou succédera à Marcel de Souza le 1er mars pour un mandat de quatre ans. Il sera le premier ivoirien à accéder à ce poste auquel son pays tenait. Depuis plusieurs mois, le gouvernement ivoirien multiplie les négociations en coulisse pour écarter Marcel de Souza – qui, selon la Côte d’Ivoire, ambitionnait de se représenter – et la candidature du Cap-Vert. Le pays aurait en effet pu prétendre à la présidence de la commission en vertu d’une coutume d’attribution du poste dans l’ordre alphabétique des pays. Mais Abidjan a argué du fait que le Cap-Vert n’était pas à jour de ses cotisations pour l’écarter.
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