Cap au sud !
"Je ne comprends pas le dédain des Européens à l’égard de l’Afrique subsaharienne, dont les potentialités sont énormes, s’étonne un patron casablancais. Ils me font penser à des vendeurs de chaussures qui, visitant un village perdu dans la brousse où tout le monde marche pieds nus, en concluraient qu’il n’y a pas de clients pour eux. Nous pensons au contraire que cette pénurie prouve une formidable opportunité !"
Comme lui, de nombreux patrons marocains ont mis le cap au sud afin de se soustraire à leur dépendance vis-à-vis d’une Europe en crise. Informaticiens, cimentiers, hôteliers, opérateurs télécoms, fabricants d’engrais, logisticiens et banquiers se sont ainsi lancés dans l’aventure à Abidjan, Dakar, Libreville ou Johannesburg. Sauf exception – l’implantation de Royal Air Maroc au Sénégal a échoué -, les retombées sont positives, bien que le climat des affaires n’y soit pas toujours optimal.
Ce sont les banques qui ont tiré le plus grand profit de ces marchés. "Nous les avons préparées à se rendre au sud du Sahara sans détériorer leur solidité, explique Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank al-Maghrib, la banque centrale du Maroc. Nous avons été intraitables sur les capitaux, les procédures et les stratégies de ressources humaines à mettre en place pour attester leur résistance à des risques éventuels."
Et les résultats sont probants. Attijariwafa Bank, BMCE Bank et Banque populaire enregistrent 20 % de leurs bénéfices dans les 23 pays subsahariens où elles sont installées. La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) ont félicité Bank al-Maghrib pour la transparence dont elle a fait preuve en invitant leurs régulateurs à participer à ses travaux de supervision. Bref, les Subsahariens applaudissent la présence marocaine sur leur sol, qui permet de diversifier les acteurs financiers et d’entretenir la concurrence.
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