Lynne Brown : gay, métisse et ministre

Une lesbienne au gouvernement ? C’est chose faite en Afrique du Sud, où un portefeuille stratégique a échu à cette militante féministe.

La mission de Lynne Brown : superviser les entreprises publiques. © DR

La mission de Lynne Brown : superviser les entreprises publiques. © DR

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 18 juin 2014 Lecture : 1 minute.

Jusqu’à sa nomination au sein du gouvernement sud-africain, le 25 mai, Lynne Brown n’avait pas vraiment le profil d’une icône gay. Propulsée à la tête d’un portefeuille tout sauf symbolique – celui des Entreprises publiques, qui supervise notamment South African Airways et Eskom, la compagnie nationale d’électricité -, cette femme politique de 52 ans pourrait pourtant légitimement prétendre à ce statut : elle est devenue le premier ministre ouvertement homosexuel de l’histoire du pays, et sans doute du continent.

Mais Lynne Brown est davantage connue pour son militantisme féministe. C’est par ce biais que cette métisse originaire du Cap s’est lancée dans la lutte contre le régime, très conservateur, de l’apartheid. En 1979, elle est l’un des membres fondateurs de l’Organisation des femmes unies, qui deviendra une composante du Front démocratique uni (UDF), principal mouvement combattant le régime de l’intérieur dans les années 1980.

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Elle adhère à l’ANC en 1987 et est élue à l’Assemblée provinciale du Cap-Occidental en 1994, avant d’en gravir tous les échelons jusqu’à celui de Premier ministre provincial, en 2008. Battue l’année suivante par l’Alliance démocratique (DA) de Helen Zille, elle continue de siéger en tant que chef de l’opposition dans la province.

Le mariage gay, une "honte pour la nation et pour Dieu", d’après Jacob Zuma

À l’heure où des pays africains comme l’Ouganda durcissent leur législation à l’égard des homosexuels, cette nomination a été très remarquée. Y compris en Afrique du Sud, où l’homophobie reste enracinée malgré une Constitution qui interdit toute discrimination. En 2006, Jacob Zuma avait lui-même déclaré que le mariage homosexuel, légalisé cette année-là, était "une honte pour la nation et pour Dieu". Une fois au pouvoir, cependant, il s’est gardé de revenir sur cette réforme. En faisant entrer Lynne Brown au gouvernement, il démontre une nouvelle fois son pragmatisme.

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