Côte d’Ivoire : ce que Hubert Oulaye a dit au deuxième jour de son procès

Au deuxième jour de son procès, mardi, à la cour d’assises du tribunal du Plateau (Abidjan), pour « complicité d’assassinat » de sept Casques bleus nigériens, le 8 juin 2012, Hubert Oulaye, 64 ans, ex-ministre de Laurent Gbagbo, a rejeté toute implication dans l’affaire.

Hubert Oulaye, ex-ministre de Laurent Gbagbo à la Fonction publique et de l’emploi, en 2009. © Wikipedia CC / Zenman

Hubert Oulaye, ex-ministre de Laurent Gbagbo à la Fonction publique et de l’emploi, en 2009. © Wikipedia CC / Zenman

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Publié le 20 décembre 2017 Lecture : 3 minutes.

C’est un homme combatif et déterminé qui s’est présenté à la barre, mardi 19 décembre 2017. « Je ne suis pas impliqué dans ces attaques, s’est-il défendu. Suite à la crise postélectorale, je suis sorti du pays le 17 avril 2011. Après plus de trois ans d’exil au Ghana, je suis revenu au pays, le 30 novembre 2014. Pour des événements qui ont eu lieu en 2012, si ma complicité dans les faits était avérée, pourquoi n’a-t-on pas décerné de mandat d’arrêt international contre moi, quand j’étais encore en exil ? À tout le moins, pourquoi n’avoir pas procédé à mon arrestation, dès mon retour d’exil, en novembre 2014 ? »

Pour cet ancien pilier du régime du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Laurent Gbagbo, aujourd’hui divisé en deux tendances), originaire de l’ouest de la Côte d’Ivoire, son arrestation, six mois après son retour d’exil, alors qu’il était soupçonné de « complicité d’assassinat », défie le bon sens. « Mon retour d’exil s’est fait au vu et au su de tous. Pendant six mois, je ne suis pas resté silencieux. Curieusement, je suis arrêté par la DST (Direction de la surveillance du territoire, service de contre-espionnage ivoirien, NDLR) deux jours après la tenue du congrès de mon parti, à Mama », village natal de Laurent Gbagbo.

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Deux autres cadres du FPI, ayant participé à ce congrès des frondeurs conduits par Aboudramane Sangaré, ont eux aussi été arrêtés le même jour par la DST. Pour Oulaye, la coïncidence de cette arrestation avec le congrès contesté par la tendance rivale du FPI conduite par Pascal Affi N’Guessan, le motive à croire qu’il s’agit d’un procès politique.

Des procès-verbaux d’audition introuvables

« La DST m’accuse d’avoir donné deux millions de francs CFA (3 000 euros) à des intermédiaires, en vue d’acheter des armes à des hommes, pour perpétrer des attaques à l’ouest, alors que je vivais en exil au Ghana, démontre-t-il. Mais la DST est incapable de produire un seul procès-verbal d’audition de ceux qui prétendent avoir reçu de l’argent de mes mains. Comment justifier que la DST ne produise pas une seule pièce à charge ? Alors question : est-ce que ces actes existent vraiment ? Ma réponse est non, parce que la DST n’est pas en mesure de présenter des procès-verbaux ».

L’équipe de la défense a donc décidé de quitter la salle, sous les applaudissements des nombreux supporteurs de l’accusé

Ces procès-verbaux d’audition, cruciaux pour la recherche de la vérité, ont été réclamés en vain par l’équipe de la défense conduite par Me Toussaint Dako. En l’absence de ceux-ci, la cour s’est appuyée sur une note de synthèse du service de renseignement, que conteste la défense. Une note qui reprend des aveux attribués à deux mercenaires libériens arrêtés et jugés dans leur pays et qui auraient reconnu être impliqués dans l’attaque de Sao (frontière du Liberia) qui a causé la mort de huit civils, de sept Casques bleus et d’un soldat des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI).

Ceux-ci auraient déclaré avoir reçu des « fonds venant d’hommes politiques ivoiriens, dont Hubert Oulaye », par le biais d’un « intermédiaire », Didier Goulia, considéré par l’accusation comme « l’homme de main d’Oulaye dans la zone ouest ». Ce dernier fut chef de village dans le département de Guiglo, ville natale de l’accusé. L’équipe de la défense a donc décidé de quitter la salle, sous les applaudissements des nombreux supporteurs de l’accusé.

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« Une violation manifeste des droits de la défense »

« L’accusation à court d’arguments et de preuves veut s’adosser sur une note de la DST qui ferait la synthèse d’auditions de (mercenaires) libériens, a expliqué Me Ange Rodrigue Dadjé. Problème : ces procès-verbaux d’audition n’existent pas. La défense du ministre Hubert Oulaye exige donc que cette note prétendue de synthèse soit écartée des débats. La cour d’assises a décidé de passer outre notre demande de nous voir produire les procès-verbaux d’auditions (…) La défense a donc décidé de ne pas participer à ce tissu de faux et a suspendu sa participation au procès ». De son côté, tout en critiquant « l’amateurisme » du parquet, Me Toussaint Dako a dénoncé « une violation manifeste des droits de la défense ».

Écourté suite au départ des avocats d’Hubert Oulaye, le procès devrait reprendre jeudi. Reste à savoir par qui et dans quelles conditions l’ancien ministre de Gbagbo sera défendu.

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